La difficile mesure de l’effet de la biodiversité fonctionnelle

Selon la parcelle, le territoire et la région, les services de contrôle biologique rendus par les ennemis naturels des bioagresseurs fluctuent. Crédit : J. Sandri

Réguler les biogresseurs de façon naturelle est-il envisageable ? Lors d’un webinaire organisé par l’association Végéphyl, différents axes de recherche ont été présentés sur des niveaux différents, de la parcelle au territoire.

Le projet Arena pour évaluer le contrôle biologique des limaces en grandes cultures

Pour étudier la corrélation entre l’abondance des populations d’un ravageur et de ses prédateurs, différentes méthodes sont envisageables : le recensement des populations directement à la parcelle, le suivi en milieu contrôlé ou l’analyse de contenu stomacaux par la biologie moléculaire. Cette dernière technique a donné lieu à des relevés de carabes portants sur huit parcelles de blé en agriculture conventionnelle. Véronique Tosser, ingénieur biodiversité chez Arvalis, indique que 5 843 carabes ont été collectés dont 1 900 ont fait l’objet d’analyses pour vérifier leur alimentation. Sur l’ensemble des analyses effectuées, seuls 8 % des carabes ont au moins consommé une limace, détectable grâce à l’analyse des protéines. Les prédations seraient plus élevées sur les œufs que sur les adultes, avec une variation selon la saison et l’espèce de carabe considérée. Les données actuelles n’ont pas permis d’établir une corrélation entre l’abondance des populations de limaces et les carabes.

Une approche territoriale à travers le projet R2D2

Nicolas Cerrutti de Terres Inovia, a présenté le projet R2D2 dont l’objectif est d’accompagner les agriculteurs face à une situation de crise (lutte contre les ravageurs d’automne du colza). Ce travail collectif offre des opportunités de leviers à mettre en œuvre à l’échelle d’un territoire :

- en améliorant la robustesse de la culture pour réduire les nuisibilités ;

- en régulant naturellement les bioagresseurs par un milieu plus défavorable aux ravageurs (travail sur les intercultures pièges) ;

- en restaurant une régulation naturelle des ravageurs par les auxiliaires (raisonner la gestion du paysage et le travail du sol pour favoriser les insectes parasitoïdes).

Un modèle connectivité au niveau européen

Menée par de nombreux acteurs européens, une étude BiodivERsA Woodnet a permis d’analyser le rôle de la végétation dans l’espace et dans le temps sur le maintien de la biodiversité et des services écosystémiques.

Trois espaces contrastés ont été suivis (l’openfield, le bocage et un paysage intermédiaire) et cinq taxons ont été étudiés (carabes, araignées, pucerons parasitoïdes, limaces et pucerons). Kevin Tougeron, de l’Université catholique de Louvain, explique qu’à l’échelle régionale, les températures semblent affecter l’abondance et la richesse spécifique des taxons. D’un point de vue paysager, les ravageurs seraient davantage favorisés par les bois et les haies alors que les auxiliaires préféreraient les milieux plus ouverts (bandes enherbées). Enfin, à l’échelle locale, le centre des parcelles est moins infesté de ravageurs alors que les auxiliaires y sont plus présents.

Les abondances et les richesses spécifiques ne sont que des indicateurs du potentiel de contrôle biologique et en aucun cas ils ne mesurent les services biologiques. D’autres facteurs, dont l’effet n’est pas mesurable, influent sur les populations.

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