"La CEC représente la taille du frigo !"

L’humus a une capacité de fixation des éléments trois fois supérieure à l’argile selon Josef Hägler. Photo : C. Milou/Pixel6TM

"La clé du succès, c’est un sol sain pour récolter des plantes saines et riches en nutriments", avance Josef Hägler, agriculteur en AB en Allemagne et conseiller agricole, lors d’une des deux journées de la Lucine organisées par Horsh France à la mi-septembre 2019. Pour parvenir à cet objectif, il estime qu’il faut "certes éviter toute sous-fertilisation, mais ne surtout pas surfertiliser. Si un élément nutritif est en trop, il va nécessairement engendrer un déséquilibre avec les autres éléments nutritifs. Voire sortir un élément minoritaire du frigo…" Pour Josef Hägler, le frigo c’est le sol… et la capacité d’échanges cationique (CEC) la taille du frigo. "La CEC représente le réservoir du sol. Elle correspond à tous les éléments présents dans le sol. Mais n’augure en rien la fertilité des sols. Ainsi, un élément nutritif apporté en trop grande quantité peut en sortir un autre du frigo…" À ce titre, il est important d’apporter au sol ce qui a été prélevé dans des proportions équilibrées.

Ne pas mélanger de vert au sol

« Dans la nature, on ne voit jamais de résidus verts mélangés au sol, exprime Josef Hägler. C’est généralement source d’adventices et de problèmes de salissement. » Du vert dans le sol engendre une mauvaise dégradation et un déséquilibre biologique. À ce titre, l’agriculteur allemand a mis en place un itinéraire spécifique. Pour préparer ses semis, il réalise un premier fraisage à 3 cm de profondeur pour détruire la végétation. Il incorpore le tout au sol seulement 15 jours plus tard. Et après, il sème. Systématiquement ensuite, il roule. Cette opération permet une meilleure efficacité des outils de scalpage lors des désherbages mécaniques. Cela évite aussi un réchauffement excessif du sol. Il a pu mettre en évidence une différence de 7 °C entre une modalité roulée et une autre non roulée. Il précise aussi que la profondeur du dernier travail du sol est la même que celle du semis.

Pour la même raison qu'il n'introduit pas les résidus verts, Josef Hägler n’introduit aucun lisier et fumier non composté a ses sols. Pour le compostage du fumier, l’agriculteur d’outre-Rhin propose cette technique :

- utilisation d’un épandeur à fumier pour réaliser le dépôt afin d'émietter, d’homogénéiser, et d’oxygéner le tas de compost ;

- lissage du tas au godet pour éviter les odeurs ;

- suivi de l’évolution du tas avec un thermomètre. Il ne doit pas dépasser 55 °C.

En été, le tas mûrit en huit semaines avec, a priori, aucune perte d’éléments nutritifs. Comme le tas est bien rappuyé, le CO2 produit ne s’échappe pas car lié à l’eau. Ce qui explique aussi l’absence de jus près du tas. Josef Hägler épand alors son compost juste avant le semis à raison de 10 t/ha.

L’humus stocke eau et nutriments

Cette technique lui a notamment permis d’augmenter rapidement le taux d’humus de ses sols. Quand on sait que "l’humus a une capacité absorption trois fois plus importante que l’argile, en augmenter la quantité dans ses sols est un sérieux levier d’action pour augmenter la taille de son frigo. 1 % d’humus en plus correspond à 2 % de capacité de stockage en plus des éléments nutritifs." Au-delà des éléments nutritifs, un meilleur taux d’humus permet une meilleure rétention en eau du sol. Josef Hägler note que dans ses sols avec 3,3 % d’humus il est capable de stocker 650 m3/ha d’eau sur une profondeur de 20 cm et que ce chiffre passe à 1 130 m3/ha avec un taux d’humus de 5,6 %. Ce qui peut se traduire par une différence de 20 q/ha en blé à la fin du compte…

 

 

 

 

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