Pas d’épandage de BRF sans une compensation d’azote

Avec un rapport C/N élevé, la décomposition du BRF mobilise de l’azote du sol avec parfois une expression de faim d’azote pour la culture en place. Crédit : Maurice Metzger/Adobe Stock

Produit peu transformé, riche en cellulose, hémicellulose et en éléments minéraux, le BRF (bois raméal fragmenté) apporte de la matière organique fraîche au sol. Composé principalement de broyat de branches, son C/N est élevé, ce qui explique que sa décomposition consomme de l’azote, approximativement 1 unité/m3 de BRF.

Le BRF offre une source et une quantité d’éléments minéraux supplémentaires au sol. Au même titre que les effluents d’élevage, il fournit de l’énergie à la vie biologique du sol. En contrepartie, ces produits organiques mobilisent de l’azote pour leur dégradation. Alors que la paille a un C/N proche de 100, celui du BRF est deux fois moins élevé. Toutefois, au vu des quantités importantes apportées (plus ou moins 250 m3/ha pour couvrir 2 à 3 cm d’épaisseur), la mobilisation d’azote est importante. "Surviennent alors une faim d’azote et une perte de rendement potentiel pour la culture suivante, surtout si celle-ci est exigeante en azote (céréales, colza)", prévient Matthieu Archambeaud, président d’Icosystème.

La fertilisation organique guidée par la composition du sol

La distinction entre les différents produits organiques exogènes est importante, car ils n’apportent pas tous les mêmes services au sol. "Contrairement au BRF, les produits compostés tels que les digestats ou les composts de fumier de volailles sont des matières plus évoluées et plus stables, parce qu’ils ont subi une transformation biologique sous l’action de la température, explique Matthieu Archambeaud. Ils participent donc à la structuration du sol, mais pas à la nutrition biologique."

Avant d’enrichir le taux de carbone d’une parcelle, la clé d’entrée consiste à réaliser une analyse de la matière organique du sol, afin de caractériser les différentes proportions de matières qui la composent. Fraîche, labile ou libre, la matière organique apporte un potentiel énergétique à la vie biologique, tandis que, sous sa forme stable, elle participe à la structuration du sol. "Si le sol est déficitaire en matière organique stable, l’apport de BRF n’est donc pas justifié, indique Matthieu Archambeaud. Il faudra alors plutôt s’orienter vers des apports de matières plus compostées. En revanche, si la matière organique énergétique venait à manquer dans le sol, alors l’apport de BRF, au même titre que les résidus de paille ou de cultures intermédiaires, est intéressant. Toutefois, il convient d’en étudier tous les aspects, car en plus d’être une ressource rare et coûteuse en logistique (transport et épandage), le BRF mobilise beaucoup d’azote pour sa décomposition. Dans ce cas, un apport de produits exogènes, par exemple des digestats de méthanisation qui disposent d’azote disponible, est essentiel pour limiter les faims d’azote. Un épandage dans une légumineuse, type luzerne, peut aussi compenser les besoins en azote."

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