En agriculture biologique, le choix du produit résiduaire organique (PRO) et la composition du couvert avant l’implantation du tournesol dépendent en partie de la teneur en azote du sol, d’où l’importance d’effectuer des reliquats sortie hiver (RSH).
On ne le dira jamais assez, le pilotage de la fertilisation azotée dépend des besoins de la culture, de l’objectif de rendement, mais aussi du reliquat sortie hiver (RSH). Selon sa teneur, il est conseillé d’apporter des produits résiduaires organiques (PRO), dont la date d’épandage dépend de leur composition.
Minéralisation lente ou rapide, tout est une question de date d’apport
La forme des PRO à apporter dépend de leur dynamique de minéralisation. Les composts de déchets verts ont une minéralisation lente avec une consommation d’azote importante pour leur dégradation. Leur apport doit être anticipé pour que l’azote ait le temps d’être minéralisé au moment où le tournesol en a besoin, soit entre le stade 10 feuilles et début floraison.
Les fumiers de volailles, les fientes ou la vinasse concentrée, ont quant à eux une minéralisation rapide, soit 30 jours après leur épandage. Ils peuvent donc être apportés au moment du semis. Enfin, les fumiers de bovins, avec leur minéralisation linéaire, sont à épandre préférentiellement en sortie d’hiver.
Dans ses essais, Terres Inovia a testé trois nouveaux produits: Orgaliz (poudre de viande, de plumes et de sang), Galinapur (fientes de poules pondeuses) et Azopril (coproduit de la production de sels organiques par fermentation bactérienne). Les résultats montrent l’intérêt d’un apport azoté, la différence de rendement étant de 6,6 q/ha par rapport au témoin. En revanche, aucune différence significative n’a été constatée entre les trois produits.
Adapter le couvert à la teneur en azote du sol
La composition du couvert dépend de la disponibilité en azote de la parcelle. Si elle est faible, alors une légumineuse permettra de restituer 15 à 25 unités d’azote par hectare à la culture suivante, dans les quatre mois qui suivent sa destruction. Si la teneur en azote est élevée, il convient alors d’éviter sa lixiviation en cultivant un couvert à installation rapide, type moutarde ou phacélie.
En AB, Terres Inovia préconise une destruction du couvert au moins deux mois avant la prévision du semis de tournesol. L’objectif est de limiter les quantités de résidus et d’adventices et aussi d’éviter une faim d’azote à la culture. Ce dernier cas s’observe surtout lorsque le couvert est détruit après floraison, avec des plantes lignifiées. Pour être décomposées, elles vont consommer de l’azote avant de le rendre à nouveau disponible pour la culture.
Pour détruire efficacement un couvert, le labour à la fin de l’automne ou en hiver est la meilleure solution. De plus, il limite le repiquage des adventices. Le scalpage, avec un outil à dents équipés de patte d’oie, montre également de bons résultats. Il nécessite cependant plusieurs passages. Son utilisation est plutôt à privilégier dès la fin de l’automne, idéalement sur sol gelé, de manière à ce que l’action des dents sur le couvert soit complétée par celle du gel. Sur un couvert développé, l’idéal est un roulage ou un broyage avant sa destruction.
L’importance du reliquat sortie hiver (RSH)
Lorsque le couvert est peu développé, la quantité d’azote à apporter dépend davantage du RSH:
- s’il est inférieur à 60 unités, il est conseillé d’apporter un PRO à minéralisation lente, en sortie d’hiver, ou un PRO à minéralisation rapide, au moment du semis du tournesol;
- s’il est supérieur à 60 unités, la mise en place d’une bande Héliotest, fertilisée avec 60 à 80 unités d’azote par hectare, est vivement conseillée. Elle sert de zone de comparaison avec le reste de la parcelle, non fertilisé. En cas d’observations de symptômes de manque d’azote, l’apport d’un PRO à minéralisation rapide est alors préconisé.
