En 2024, le tri à la source des biodéchets sera obligatoire pour les ménages et assimilés. Ces biodéchets pourront ainsi être valorisés par le compostage ou la méthanisation. Dans le cas de la méthanisation, huit millions de tonnes de digestat pourraient ainsi être produites.
Par définition, un biodéchet correspond à l’ensemble des déchets verts et alimentaires produits par les collectivités, les ménages, les industries agroalimentaires, etc. "1.000 tonnes de biodéchets issus de 9.300 foyers (43 kg/hab/an) correspondent à la production de 1,1GWh (1 tonne de biodéchets produit 100 Nm3) d’énergie pouvant alimenter quatre bus roulant au GNV ou 275 foyers en gaz vert, indique Thomas Filiatre, chargé de projets de méthanisation à Solagro, lors d’un webinaire sur la gestion des biodéchets. La réflexion autour d’un projet de méthanisation qui valorise tout ou partie des biodéchets à tout son sens. En 2024, avec le tri obligatoire à la source, cette gestion s’inscrira dans une optique d’économie circulaire sur les territoires."
S’assurer que la ressource est disponible
Un agriculteur qui souhaite investir dans un projet de méthanisation des biodéchets doit au préalable quantifier la ressource brute de biodéchets disponible sur son territoire. Pour ce faire, il convient de se rapprocher des collectivités et des producteurs professionnels locaux (industries agroalimentaires, restaurants, collèges, etc.) pour estimer et contractualiser avec eux le gisement potentiel afin de mieux définir le dimensionnement de l’unité de méthanisation. "Idéalement, il faut diversifier les sources d’approvisionnement de la ressource afin de lisser, sur l’année, la quantité de matière collectée, souligne Thomas Filiatre. Il convient d’éviter des ruptures de stock ou un stockage trop long des matières peu stables qui se dégradent vite."
Pour correspondre aux normes, l’unité de méthanisation doit avoir un statut d’installation classée pour la protection de l'environnement (ICPE) et un agrément sanitaire à jour pour l’hygiénisation. Ce traitement consiste généralement à chauffer la matière entrante à 70°C pendant une heure avant de l’intégrer dans le digesteur, au mieux dans les 24 heures. Pour garantir la qualité du digestat produit, l’investissement dans un déconditionneur, bien qu'il ne soit pas obligatoire, est vivement conseillé. "Certes, un déconditionnement représente un coût, mais il assure une meilleure qualité de la soupe introduite dans le digesteur, souligne Thomas Filiatre. Ces filtres retiennent les indésirables pour éviter qu’ils ne se retrouvent ensuite dans le digestat." La propreté de l’intrant détermine donc la qualité du digestat. Pour ce faire, il convient de sensibiliser les particuliers et les professionnels aux bons gestes de tri, de surveiller les arrivées de matières sur le site de déconditionnement et de proposer régulièrement des visites pédagogiques du site pour en comprendre le fonctionnement et les contraintes.
Le digestat issu de biodéchets est également utilisable en AB
À l’issue du processus de compostage ou de méthanisation, le retour au sol de la matière organique produite est une source supplémentaire d’éléments fertilisants. À titre informatif, en agriculture biologique (AB), il est possible d’utiliser du digestat issu de biodéchets triés à la source ou de déchets d’industries agroalimentaires à condition que le nombre de salariés soit inférieur à 10. Une instruction est en cours avec l’Institut national de l'origine et de la qualité, INAO, pour accepter l’utilisation d’autres types de biodéchets en AB.
