À court et moyen terme, uniquement des solutions agronomiques

L'agronomie est la seule façon à moyen terme de contrer les résistances. A.Lambert/Pixel Image

Vulpin, ray-grass, chardon, ambroisie… Autant d’adventices invasives et devenues résistantes aux herbicides selon les régions. Si l’application de spécialités ayant la même cible explique principalement l’apparition de ces résistances, des phénomènes naturels peuvent également en être la cause.

« La dérive du désherbage tient son origine dans le durcissement réglementaire, mais aussi dans la simplification des rotations et dans la partie résistance proprement dite, souligne Ludovic Bonnin, responsable du pôle désherbage chez Arvalis-Institut du végétal. D’une part, le renouvellement des substances actives décroît. Certaines substances ont totalement été interdites, et les nouveaux modèles d’homologation sont plus stricts. Le plan Écophyto représente également un frein. Du coup, il y a moins de diversité de cibles et de matières actives. D’ailleurs, il n’y aura pas de grande nouveauté avant cinq ou sept ans minimum. D’autre part, les rotations se sont simplifiées : les surfaces en colza et blé ont augmenté, au détriment des surfaces en protéagineux. Or, plus on a de protéagineux, et de cultures de printemps de manière générale, plus les IFT herbicides sont faibles. »

Ludovic Bonnin est revenu sur les raisons de la perte d’efficacité de certaines formulations : « Il y a plusieurs facteurs qui jouent sur l’efficacité : la cible, le stade d’application, l’état physiologique de la plante, les conditions d’application, le type d’absorption et la dose. Mais il faut également savoir qu’une mutation enzymatique est possible naturellement. Une plante sur un million peut potentiellement muter sur un mode d’action. C’est la résistance liée à la cible. L’autre résistance est non liée, elle concerne la dégradation du produit. Des enzymes peuvent être non spécifiques d’un mode d’action, mais sensibles à une partie de chaîne de molécule : ce sont les symptômes les plus présents en graminées. »

Rotation, labour et date de semis retardée peuvent diminuer la densité d'adventices résistantes. N.Chemineau/Pixel image

Alors, pour éviter au maximum ces mutations, Ludovic Bonnin conseille d’alterner les produits et les modes d’action, de se passer de traitement sur les fortes densités, ou encore de ne pas utiliser des doses non efficaces.

« Les réponses à apporter peuvent être mineures, ajoute Ludovic Bonnin. L’agriculteur peut revoir son schéma de rotation, changer ses variétés, les densités, les dates de semis. Mais il peut aussi remettre en cause tout son système. Sur notre essai d’Epieds en Normandie, nous avons constaté que la combinaison rotation, labour et date de semis retardée avait permis de diviser la densité de ray-grass et vulpin par huit. Le temps de travail diminuait de 1,6 h/ha et l’introduction de protéagineux de printemps diminuait l’IFT herbicide de 0,5 à 1 point. Seules les marges sont un frein à l’instauration de protéagineux. »

Mais il ne faut pas s’arrêter aux marges, et tout prendre en considération. Fabien Bellet, ingénieur technique chez Bayer, rappelait que « l’investissement désherbage céréales est passé de 70 €/ha à 110 €/ha en moyenne. » Revenir à des cultures certes moins rémunératrices, mais moins coûteuses et apportant de la diversité dans la rotation, est sûrement une des solutions les plus simples pour contrer ces fléaux.

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