Combiner les leviers pour venir à bout des adventices

Pour faire face à la problématique d’adventices, Stéphane Rabot combine différents leviers agronomiques (allongement des rotations, diversification des cultures, travail du sol…). Photo : Photoagriculture

Pour faire face à la problématique d’adventices, Stéphane Rabot, installé depuis deux ans avec son père dans le département de la Seine-Maritime, combine différents leviers agronomiques (allongement des rotations, diversification des cultures, travail du sol…). Une véritable stratégie à plusieurs niveaux pour limiter l’usage des herbicides.  

Aujourd’hui, la réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques constitue une attente sociétale forte. Le plan Ecophyto II+ (novembre 2018) a été mis en place afin de réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50 % d'ici à 2025. Stéphane Rabot essaye d’adapter ses pratiques aux défis d’aujourd’hui. De plus, l’activité élevage sur la ferme est relativement chronophage, donc l'agriculteur cherche aussi à gagner du temps sur la partie culturale. Il souhaite également baisser ses charges d’intrants (fioul, herbicides…). "J’ai la volonté aussi de diminuer mon empreinte écologique en engageant mon exploitation vers plus de durabilité", explique-t-il. Pour cela, de nombreux leviers agronomiques peuvent être mobilisés : allongement de la rotation, labour, faux-semis. Il envisage même le semis-direct sous couverts.

Combiner les différents leviers

 

"La première réflexion que j’ai eue concerne la rotation de mes cultures, c’est-à dire, diversifier et allonger la rotation pour induire une déspécialisation de la flore et une réduction de la pression des adventices", explique Stéphane Rabot. La succession de cultures est un élément majeur dans la gestion de l’enherbement. "J’ai donc une rotation sur sept ans qui alterne cultures d’hiver et cultures de printemps de type, blé, orge d’hiver, colza, blé, lin, blé, pomme de terre plants", détaille l’agriculteur. La rotation et l’alternance de cultures d’hiver et des cultures de printemps permettent de rompre les cycles de la flore adventice. Mais attention, ce n’est pas parce qu’on ne trouve plus d’adventice en surface qu’elles ne sont pas dans le sol, prêtes à germer quand les conditions seront favorables. C’est ce qu’on appelle le stock semencier. Effectivement, les graines des adventices ont des durées de vie variables, d'une à plusieurs dizaines d’années, comme le coquelicot, par exemple !

En connaissant la période préférentielle de levée d’une adventice, on peut implanter une culture à une période où l’adventice ne germe pas habituellement et ainsi réduire le risque de levées dans la culture. Stéphane Rabot est bien conscient qu’il a de la chance de pouvoir réaliser une grande diversité de cultures sur ses terres, en effet, il est sur un territoire où la production de cultures industrielles est possible (pommes de terre, betteraves, lin textile…).

Une alternance des cultures de printemps et d’hiver va permettre un retour plus long de ces dernières sur la parcelle et donc diversifier les matières actives utilisées, ce qui va limiter le risque d’apparition de résistances.

"La chimie fait aussi partie de la stratégie, même si son recours est raisonné. Un désherbage chimique post-semis pré-levé est réalisé pour chaque culture. Ensuite, selon le niveau d’infestation de mes parcelles, j’effectue au besoin une seconde intervention chimique. De plus, j’effectue régulièrement des tours de plaine. Au minimum, un contrôle post-semis est réalisé puis un autre en sortie d’hiver", détaille-t-il.

Un labour occasionnel est aussi pratiqué : "Depuis 2010, un labour à chaque tête de rotation est effectué pour enfouir les adventices dans le fond de la raie", explique Stéphane Rabot. Le comité technique désherbage d’Île-de-France rappelle qu’un labour occasionnel permet d’enfouir une majorité d’espèces qui perdront leur viabilité, notamment les graminées. Cependant, la diminution des labours a eu pour conséquence une augmentation de certaines adventices sur les parcelles. Pour y remédier Stéphane Rabot, pratique le faux-semis. "J’ai choisi d’associer faux-semis et déchaumage pour permettre la remontée des graines et ainsi provoquer la levée des adventices qui seront détruites avant l’implantation ou le semis de la culture."

Venir à bout des ray-grass

 

La mise en place de tous ces leviers permet de retrouver un certain équilibre de la flore adventice, mais Stéphane Rabot, comme beaucoup d’autres agriculteurs, doit faire face à la problématique ray-grass. Pour tenter de pallier ce problème, il envisage de pratiquer le semis-direct sous couverts. "Les semis directs sous couverts vont entraîner une modification de l’accès aux ressources (eau, lumière...). Ce qui va conduire à un changement de la population d’adventices. Il devrait permettre de maximiser la couverture du sol dans le temps et l’espace, et d'accentuer la compétitivité entre les adventices et les espèces végétales du couvert, le temps que la culture s’installe", détaille l’agriculteur. Mais ce type de pratique n’est pas envisageable pour toutes les cultures de la rotation, notamment celle des pommes de terre.

Nous comprenons bien que chaque levier pris indépendamment n’aura que des effets modestes sur la flore adventice. Afin d’agir efficacement sur l’ensemble du système. Chaque levier est à raisonner dans une stratégie globale, en tenant compte des impératifs techniques, environnementaux et économiques.

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