Les balbutiements de la betterave bio en France

Jeudi 7 juin à Availles-sur-Chizé (Deux-Sèvres), la Frab Nouvelle-Aquitaine, avec le financement du programme Re-Sources, organisait une journée sur les « opportunités techniques et économiques » de la filière bio. Parmi les cultures présentées, la betterave sucrière porte-graines biologique. Vincent Boiron, ingénieur chez le semencier Deleplanque, a présenté cette production qui en est à ses balbutiements en France :

Le bio est développé depuis plusieurs années au sein de Deleplanque, avec notamment les semences de soja, pois chiche, moutarde, seigle, vesce, etc. Nous produisons des semences de betterave sucrière en conventionnel, et cette année, nous débutons la production en bio. En effet, le marché de la bio est en pleine croissance, et le sucre bio reste essentiellement produit à partir de la canne.

Karl Jollet, agriculteur à Villiers-sur-Chizé (à gauche) et Vincent Boiron, ingénieur chez le semencier Deleplanque. Photo O.Lévêque/Pixel Image

 

5ha tests en Deux-Sèvres

Pour la campagne 2018, deux parcelles de betteraves porte-graines bio, soit 5 ha, ont été implantées fin-février début-mars sur le secteur de Chizé (Deux-Sèvres), correspondant à une zone indemne de charançon de la betterave, et protégée des croisements de pollen de betteraves maritimes. Des contrats ont été passés avec deux agriculteurs, sur la base d’un montant variable calé sur le marché de la semence conventionnelle, et d’un complément fixe lié au surcoût d’une production biologique (prix confidentiels). Karl Jollet, agriculteur à Villiers-sur-Chizé, a implanté sur son exploitation 2,5 ha de betterave porte-graines bio via un contrat avec Deleplanque :

Sur l’exploitation en bio depuis 2012, je recherche des cultures à valeur ajoutée, comme les cultures porte-graines, pour valoriser l’irrigation. Pour la production de betterave porte-graines bio, je peux compter sur les planteuses et les outils de désherbage mécanique de ma Cuma. J’ai passé la herse étrille trois fois de suite au cours du dernier mois, à 2 ha/h pour avoir un rendu correct, deux passages de bineuses, puis deux écimages sur les plantes femelles, à 65 cm et 75 cm, et un passage sur les plantes mâles à 50 cm. J’ai apporté 6 t de fientes de volailles/ha et 150 unités de sulfate de potassium. Il n’y a pas eu de problèmes de pucerons pour le moment, avec la possibilité de faire un apport de purin d’ortie, ail et huiles essentielles en cas de pression.

 

Filière en construction

Pour Vincent Boiron, cette première campagne servira de test, pour suivre les pressions maladies et ravageurs, mais aussi la fourniture en azote.

En conventionnel, il faut se baser sur 200 unités d’azote apportées, et ici, nous sommes entre 100 et 150. Peut-être que ce niveau sera un peu limitant pour la culture. Nous verrons les résultats, et améliorerons les conseils pour les années suivantes. Nous apprenons aussi des pratiques de la bio pour les utiliser en conventionnel, surtout pour le désherbage mécanique.

En France, le groupe coopératif Cristal Union a annoncé le lancement d'une filière bio en 2017 avec la mise en place de premiers essais agronomiques pour étudier l'itinéraire cultural. En 2018 une première production en grandeur réelle a été mise en place dans le bassin du sud de Paris sur une surface d'environ 100 ha, observe l’ingénieur Deleplanque.

La filière est en création. Le marché va probablement continuer à se développer chez nous comme chez nos voisins allemands où il a dépassé les 2000 ha cette année.

 

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