Un méthaniseur sans élevage et sans subvention

La ferme d'Alger a misé sur les cultures énergétiques et n'a donc reçu aucune subvention pour son projet de méthanisation. Photo : DR.

La chambre d’agriculture de la Marne a profité de la 68e édition de la foire de Châlons-en-Champagne pour explorer la méthanisation à la ferme. Dans ce département où l’élevage tend à disparaître, trois méthaniseurs sont en fonctionnement ou sur le point de l’être.

L'un est en phase de mise en route à la ferme d'Alger à Vaudemange. Il est atypique car il n’est pas adossé à un élevage. En effet, la ferme porteuse du projet exploite 400 ha en champagne crayeuse. La rotation y est classique pour la région : colza, céréales, pommes de terre, luzerne et betteraves. L’idée de méthanisation est partie d’un constat agronomique simple tiré par Guillaume Ponsin, l’initiateur du projet :

Depuis la suppression de la troupe ovine de l’exploitation il y a une quinzaine d’années, nous importons du compost de Belgique pour amender nos parcelles. Lors de mes études, j’étais intéressé par la réintroduction de l’élevage sur la ferme afin de disposer d’amendement organique produit in situ. Puis ma réflexion a évolué vers la méthanisation, cette vache en béton… L’idée était alors d’acheter des effluents d’élevages, d’en extraire le gaz avant de répandre le digestat sur nos parcelles.

Après une expérience de quatre années en Allemagne, l’eldorado de la méthanisation, Guillaume Ponsin revient à Vaudemange avec la ferme intention de construire une unité de méthanisation. C’est ainsi qu’une première fosse de 21m de diamètre faisant office de fermenteur et une seconde de 24m qui sert de stockage sont sorties de terre. Deux cuves qui alimentent en biogaz un moteur de cogénération de 190kW. L’électricité est vendue à EDF quand la chaleur alimente une habitation et un séchoir à bûches et à plaquettes de bois.

Le choix des cultures énergétiques

Le projet de la ferme d’Alger est également atypique au regard des matières entrantes dans le digesteur. Comme la très grande majorité des unités de méthanisation, celle de Vaudemange intégrera des effluents qu’elle achètera aux élevages volontaires. Pour le moment, les origines sont plus ou moins lointaines. Certaines peuvent être issues d’exploitations relativement proches et d’autres viennent de la frontière luxembourgeoise. Guillaume Ponsin est d’ailleurs très agréablement surpris de l’intérêt que portent les agriculteurs à sa proposition:

Certains éleveurs dont les capacités de stockages d’effluents d’élevage sont saturées voient d’un très bon œil le fait de céder une partie de leur fumier. Cela leur évite d’investir de nouveau dans du stockage qui est de toute façon non productif. D’autant plus que je dispose d’une plate-forme de stockage avec récupération des jus.

Pour autant, les effluents d’élevage ne représenteront qu’un camion par semaine pour l’unité de méthanisation de Vaudemange. En effet, l’initiateur du projet mise davantage sur les productions de l’exploitation familiale pour alimenter son digesteur. Ainsi, ce sont près de 2 000 tonnes/an de betteraves sucrières (l’équivalent de 20 ha) qui seront récoltées pour alimenter le digesteur. Guillaume Ponsin récupérera également l’intégralité des pulpes de betteraves auxquelles son contrat betteravier lui donne droit. Soit 1000tonnes/an pour produire du biogaz. Un choix qui n’est pas resté sans conséquence.

1 million d'euros investis sans subvention

Comme Guillaume Ponsin prévoit d’introduire plus de 30% du pouvoir méthanogène de ces intrants avec des cultures énergétiques, son projet de méthanisation est exclu de toute subvention. Ainsi, le million d’euros qu’il a investi devra être rentabilisé par la vente de l’électricité et la valorisation de la chaleur. S’il regrette cette situation, il estime toutefois que cela lui permet d’être beaucoup plus libre dans le choix des intrants dont il pourra user.

Qu’un projet soit susceptible de recevoir ou non des aides, David Hervé, conseiller énergie et projets à la chambre d’agriculture de la Marne, estime pour sa part :

Il ne faut pas attendre les subventions pour démarrer un projet de méthanisation. Pour ce type de projet qui met plusieurs années à voir le jour, la demande de subventions devrait coïncider avec la demande de permis de construire. C’est-à-dire tardivement dans le cheminement du projet. Mieux vaut voir les potentielles subventions comme un coup de pouce pour un retour sur investissement plus rapide…

Pour aller plus loin :
Méthagaz, l'installation de méthanisation de la SCEA Ponsin dans la Marne
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Quatre expériences collectives en méthanisation

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