Semer vite et bien

Les constructeurs de semoirs rapides promettent des résultats sans failles avec des vitesses de 15 voire 20 km/h. Au-delà des performances affichées du matériel, ce serait la génétique qui limiterait l'impact négatif d'une irrégularité de profondeur et de répartition.

 

Alors que les chantiers de semis, de taille croissante sont souvent mis en difficulté par des conditions météo changeantes, les maïsiculteurs sont encore sceptiques à l'égard du semis rapide. Pourtant cette pratique offre des possibilités non négligeables. En particulier, pour les ETA et Cuma en recherches de moyens pour réduire leur main-d'œuvre et gagner en productivité. Or ces dernières sont confrontées à une réticence des clients ou adhérents.

Pour Patrice Denis conseiller à la chambre d'agriculture Alsace, « cela n'est pas fondé mais pour un agriculteur un semis ce n'est pas rapide. Je connais un agriculteur ETA très bien équipée qui m'a commenté ces difficultés. Il ne peut pas exploiter les performances de son semoir rapide. Lorsqu'il sème chez lui tout va bien, dès qu'il réalise le même travail chez des clients des problèmes apparaissent ».

 

La génétique supplante les exigences de semis. © H.Grare/Pixel image

 

Pourtant les semoirs américains offrent déjà des caractéristiques de conceptions bien éloignées des modèles plus anciens à socs. Les semoirs rapides quant à eux se présentent comme une phase ultime en termes de technologies. Ils se veulent plus performants sur tous les aspects qui caractérisent un bon semis : régularité de profondeur et de répartition, plombage de la graine. La sélection des graines a été entièrement revue. La graine est accompagnée dans sa chute. La distribution est entraînée par des moteurs électriques rang par rang avec une vitesse de rotation calculée à partir d'une donnée GPS.

Des dispositifs hydrauliques ou pneumatiques régulent la pression exercée au sol par l'élément semeur. Avec ces évolutions, les constructeurs annoncent des vitesses possibles de 13-15 km/h. Et ce, dans toutes les conditions de sols et pour toutes les pratiques culturales, en particulier les TCS.

Patrice Denis s'appuie sur un essai, qu'il a mené en collaboration avec Arvalis pour étayer sa position : « Pendant très longtemps la chambre préconisait de ne pas dépasser 5 km/h. Au moment où le Vaderstad Tempo est sorti, nous voulions vérifier les possibilités réelles des semoirs rapides et des semoirs classiques. Dès la première année, on a vu que sur un billard, on pouvait aller à 8 km/h avec un semoir classique. À 13 km/h avec un semoir rapide les résultats étaient impressionnants. Pendant la saison de semis 2016 nous avons réalisé un essai avec l'Exactemerg de John Deere à 20 km/h. Nous avons très clairement démontré qu'il n'y a aucune corrélation entre une dégradation du rendement et la vitesse de semis. »

Plus que le semoir, la génétique

Le conseiller indique par ailleurs que, « plus que le matériel, ce sont les nouvelles génétiques qui expliquent ces résultats. À partir de 2000, nous sommes passés de maïs type cornés avec des indices 320 à des dentés indices 350-400. Ces derniers semés à 92 000 grains/ha ont une très grande capacité de compensation en cas de forte irrégularité ».

Notons que Patrice Denis entrevoit quelques points négatifs au semoir rapide : « Outre leur coût, ils sont deux fois plus chers, je suis inquiet sur l'usure des pièces et leur prix. »

 

 

 

Julien Noguiez conseiller agro-équipements Cuma 640

Un semoir rapide vaut deux semoirs

Julien Noguiez, de la fédération des Cuma Landes et Pyrénées-Atlantiques, partage l'idée qu'il est possible de semer vite et bien. Il privilégie les semoirs rapides pour leur polyvalence.

« Nous avons comparé lors d'essais menés en juin 2016 à Habas (Landes) plusieurs matériels dans des conditions similaires. Nous avions réuni un Kuhn 6 rangs Maxima 2 TI porté représentant les semoirs "classiques", un Vaderstad Tempo T 6 rangs et un Horsch Maestro 8.80 CC 8 rangs pour les semoirs rapides. Le Kuhn a été réglé avec des disques adaptés pour des gros débits de chantier. Nous avons constaté que le Kuhn à 10 et 12 km/h sous-dosait de 18 % et que la régularité était moins bonne que celle des semoirs rapides. L'autre intérêt majeur d'un semoir rapide, réside dans sa polyvalence de part les équipements qui les caractérisent. On peut semer avec de bons résultats derrière tout type de préparation. Malgré des prix élevés, ces semoirs conviennent à des agriculteurs, ETA et Cuma qui ont des surfaces importantes à semer avec des fenêtres limitées. Pour une même surface à emblaver, ils seront plus économes en main-d'œuvre et en carburant. J'ai l'exemple d'une Cuma qui a remplacé deux 6 rangs par un 6 rangs rapide, ils sont 5 adhérents et sèment 260 ha de maïs en optimisant au mieux des fenêtres météo précoces. »

 

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