Quand la paille est restituée, vigilance à la faim d’azote

Avant de décider de restituer ou d’exporter les pailles d’une culture, il faut s’interroger sur la production à venir: culture de printemps ou d’hiver? "Enfouie, la paille peut créer une faim d’azote à la culture suivante, explique Philippe Raimon, conseiller en productions végétales à la chambre d’agriculture de la Vienne. L’objectif est de l’anticiper pour ne pas pénaliser la culture au moment où elle en a besoin, ce qui peut être le cas d’un colza de blé."

Sans une gestion optimale de la paille, il risque de s’établir une concurrence entre la disponibilité de l’azote nécessaire à la dégradation de la paille et les besoins de la crucifère. Une faim d’azote peut alors s’observer, engendrant des pertes de pieds et altérant le développement de la culture. "Il est donc possible de pénaliser le développement d’une culture malgré une restitution des pailles, indique le conseiller. Cette problématique devrait être atténuée grâce à l’évolution de la réglementation sur la fertilisation azotée du colza à l’automne."

Les cycles du carbone et de l’azote sont liés

"Contrairement au potassium, la quantité d’azote restituée par les pailles des céréales reste assez marginale d’autant plus que le cycle naturel de la décomposition de cette paille en consomme, indique Philippe Raimon. À court terme, l’effet est neutre sur les plantes et le sol."

La paille de céréales, avec un C/N élevé, minéralise lentement et est donc moins rapidement disponible pour la culture. "Dans les systèmes avec du travail du sol, des apports réguliers de matière organique et des couverts restitués, nous observons un ralentissement de la minéralisation en sortie d’hiver et donc une mise à disposition plus lente, remarque Christine Le Souder, ingénieure en fertilisation chez Arvalis. Le travail du sol, en répartissant différemment l’azote et le carbone, en est certainement la cause, leur cycle étant lié. Ces hypothèses restent encore à étudier."