Prendre en main les maladies du pied

Le printemps sera là dans quelques mois. Si l’hiver ne fait pas son œuvre, piétin-verse, rhizoctone et fusariose vont se conserver sur les pailles et apporter leur lot de désagréments. Savoir reconnaître ces maladies se révèle payant, afin d’éviter un traitement non adapté ou mal placé.

« Il y a 30 ans, les maladies du pied des céréales étaient les principales causes de perte de rendement, mais ce n’est plus le cas », déclare Jean-Yves Maufras, ingénieur au Pôle Maladies et méthodes de lutte chez Arvalis - Institut du végétal.

Ainsi, les piétin-verse, rhizoctone ou fusariose sont déclarés de seconde zone aujourd’hui. À ces maladies, Jean-Yves Maufras ajoute le piétin-échaudage : « C’est une maladie des racines, mais elle s’attaque également aux tiges, avec des symptômes proches des autres maladies ». Pour identifier quel champignon est en présence, l’ingénieur décrit les symptômes visibles : « Le piétin-échaudage se distingue par une nécrose noire sur des segments de racines. Le champignon remonte ensuite jusqu’au plateau de tallage, où il forme un manchon noir. Cela entraîne une rupture d’alimentation hydrique : la partie supérieure sèche et l’épi devient blanc. La perte de rendement peut être de 10 à 20 q/ha lors d’une forte attaque ».

Pour le rhizoctone, il n’y a aucune incidence, malgré 25% de section nécrosée, et il y a peu de risques de verse. Son signalement est rare. © Arvalis
Outre l’arrachage des pieds pour vérifier l’état des racines, Jean-Yves Maufras souligne que le piétin-échaudage « se développe en foyer. Les groupes d’épis asséchés sont plus visibles qu’avec du piétin-verse ou du rhizoctone ». En effet, distinguer la présence de ces maladies en étudiant les épis est parfois difficile. « Le piétin-verse et le rhizoctone laissent les racines intactes. On voit se développer une nécrose assez superficielle sur le bas de la tige, de couleur blanche. Elle se situe sous le 1er nœud dans 90% des cas de piétin-verse. Avec le rhizoctone, les tâches peuvent atteindre le 3e nœud. Dans les deux cas, les épis sont isolés et entièrement blancs. Pour le rhizoctone, il n’y a aucune incidence, malgré 25% de section nécrosée, et il y a peu de risques de verse. Son signalement est rare. Il est présent surtout en année sèche, principalement en région Centre. En revanche, le piétin-verse engendre 3-4 q/ha de perte en moyenne. Cela peut monter jusqu’à 15-20 q/ha si la parcelle verse », ajoute Jean-Yves Maufras. Des températures clémentes en automne et en hiver, accompagnées de pluie, favorisent le développement de la maladie.

Chaque condition climatique a sa maladie

Concernant la fusariose du pied, les symptômes sont visibles des racines jusqu’à la tige. L’ingénieur souligne que « la maladie se développe surtout en année sèche, lors d’un stress hydrique marqué. Elle entraîne une nécrose marron de la tige, du plateau de tallage et d’une partie des racines. Mais elle reste assez superficielle et sans incidence. On observe rarement de l’échaudage sur épi. Le mycélium est parfois visible, de blanc à rose. On la rencontre surtout dans le Sud-Est, sur blé dur ».

Bien que ces maladies soient peu dommageables, il existe des solutions pour empêcher leur développement. Côté chimie, la gamme est peu développée : « Sur le piétin-échaudage, il n’y a pas de traitement vraiment efficace, excepté le silthiofam en traitement de semences. Sur piétin-verse, le traitement se fait en végétation, entre les stades épi 1 cm et un nœud. La métrafénone et le cyprodinil sont efficaces. Ils sont parfois utilisés en mélange. Le problème, c’est que le traitement le plus performant sur septoriose se fait au stade deux nœuds, soit 10 jours après. Il n’y a pas encore de produit efficace sur septoriose et piétin-verse. On rajoute donc un traitement. Le prochloraze reste utilisé dans l’Ouest et le Sud-Ouest, où il y a moins de cas de résistance ».

Pour la fusariose du pied et le rhizoctone, Jean-Yves Maufras indique : « Il n’y a pas de produit efficace, ni autorisé. » Mais selon lui, les méthodes de lutte les plus performantes restent l’allongement de rotation et l’enfouissement des résidus : « Pour le piétin-échaudage, l’inoculum se conserve également sur les résidus de paille. Il faut donc être vigilant sur les rotations courtes, ou lorsque le précédent est une céréale. Pour le piétin-verse, les précédents blé en non-labour et antéprécédents blé en labour sont les situations les plus à risques, détaille l’ingénieur. Mais aujourd’hui, le meilleur moyen de lutte, c’est le choix variétal. Avec les variétés classées 5 ou plus, il y a un niveau de tolérance qui permet un bon contrôle de la maladie et limite le recours aux produits phytosanitaires. Les progrès en sélection ont permis de limiter l’impact des maladies. Beaucoup de variétés intègrent des gènes de résistance, comme Pch 1 et parfois Pch 2 contre le piétin-verse. Ces gènes ne sont pas contournés et le seuil de rentabilité est rarement atteint ».

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