Lin : Des leviers efficaces pour lutter contre l’altise

Altises sur jeunes plants de lin. DR

Lors de la campagne 2020, les altises ont provoqué d’importants dégâts sur les cultures de lin fibre du fait de la levée lente et échelonnée des plantes en cours du cycle cultural. "Les altises sont à surveiller dès la germination des graines, rappelle Benoît Normand, ingénieur régional chez Arvalis-Institut du végétal. C’est en effet à ce stade que les dégâts peuvent être les plus préjudiciables, engendrer des pertes de peuplement et donc impacter fortement les rendements. Il convient de surveiller le lin jusqu’au stade 3-5 cm, lorsque le stade de sensibilité est dépassé."

L’agronomie reste le premier levier à activer pour lutter contre cet insecte sauteur. "Cela commence par bien détruire les résidus de culture dans lesquels les altises peuvent hiberner. Ensuite, ce sont les conditions de semis et d’implantation qui vont jouer sur la durée de la levée de la culture", indique l’ingénieur, qui conseille de bien préparer le sol et de semer dans un sol suffisamment réchauffé et ressuyé (sur 30 cm), afin de favoriser une levée rapide et homogène. "Plus la culture met du temps à lever, plus elle sera exposée au risque d’attaques d’altises."

 

L’effet positif du phosphore au semis

Pour tenter d’optimiser la vigueur du lin au démarrage, Arvalis-Institut du végétal a étudié l’effet d’un apport de phosphore au semis. Les résultats de l’essai 2019 (avec un apport d’engrais type DAP 18.46) ont montré une réponse forte à la dose de phosphore apportée. "La dose optimale qui a été calculée a posteriori était fixée à 40 uP, dose offrant le meilleur compromis entre vigueur de la culture et risque de verse. Sur les notations, aucune différence n’a été observée sur les populations d’altises. Mais l’apport de phosphore a permis un gain de vigueur de la culture et d’arriver au stade de sensibilité plus rapidement." Le même type d’expérimentation a été mené en 2020, en conditions sèches. Cette fois, l’apport de DAP n’a pas permis d’améliorer la vitesse de croissance du lin au démarrage et de pallier le risque d’altises.

 

Traitement insecticide : des conditions d’application strictes

En matière de lutte directe, plusieurs solutions insecticides sont aujourd’hui homologuées sur la culture du lin, principalement à base de pyrèthres – cyperméthrine, deltaméthrine, lambda-cyalothrine – mais aussi etofenprox, phosmet, tau-fluvalinate. "La substance active beta-cyfluthrine (composante de la spécialité Ducat) sera retirée au cours de l’année 20211", précise Benoît Normand. Toutes ces spécialités à action de contact nécessitent des conditions d’application assez strictes pour maximiser leur efficacité. Le premier paramètre à prendre en compte est la présence d’altises dans les parcelles. "La présence de l’insecte dépend des températures : il se développe à partir de 15 °C et aux heures de fort rayonnement, et s’observe donc très souvent en milieu de journée et l’après-midi." 2e paramètre : l’hygrométrie. "Pour maximiser l’efficacité des insecticides de contact, il convient d’intervenir en cours de journée en faisant attention aux taux d’hygrométrie, souvent faible dans l’après-midi. En réunissant les meilleures conditions (hygrométrie de 75 % et présence d’altises), le soir est la période la plus propice pour traiter."

 

La grille d’évaluation du risque contre les altises du lin, élaborée par Arvalis-Institut du végétal, et qui prend en compte le niveau d’attaques (dégâts), le niveau de population, la météo et le stade de la culture, doit servir de base pour intervenir. "Si le risque est moyen, il convient d’opter pour une solution à base de lambda-cyalothrine (par ex. : Karaté-Zéon à 0,075 l/ha). En cas de risque élevé, plusieurs choix sont possibles : Trebon 30 EC (0,2 l/ha) dès les premières attaques, Karaté-Zéon ou équivalent (0,075 l/ha) dès les premières attaques puis Boravi WG (1kg/ha) ou Karaté-Zéon ou équivalent (0,075 l/ha) en double application. En cas de risque faible, il est conseillé de ne pas intervenir mais de réévaluer le risque en fonction des conditions climatiques."

 

Dans deux essais (dans l’Eure et l’Aisne), Arvalis a réalisé des notations de vigueur, attribuées en fonction des dégâts de morsures observés sur les plantes, selon différentes stratégies : Karaté-Zeon (lamda-cyalothrine), Trebon, associés ou pas aux solutions de biocontrôle. « Comparées au témoin non traité, toutes les modalités permettent un gain de vigueur des plantes (moins de morsures). Les produits de biocontrôle sont intéressants et méritent d’être encore évalués », conclut Benoît Normand.

(1) Fin de commercialisation le 20/04/2021 et fin d’utilisation le 20/07/2021

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