L'hydrogène décarboné pour produire des engrais, c'est pour bientôt

L’hydrogène décarboné permet de produire des engrais bas carbone. Le procédé est en cours d’étude. Crédit: magann/Adobe Stock

Borealis et Hynamics ont pour projet de développer un nouveau procédé consistant à produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau. Ainsi, la France pourrait commercialiser des engrais décarbonés, moins émissifs de GES.

"La fabrication d’un engrais azoté génère 2 tonnes de CO2/t d’ammonitrate produite, expliquait Bertrand Walle, manager régional Energy et Carbon pour Borealis, lors de l’assemblée générale de l’Unifa le 16 juin 2022. L’azote permet au végétal de développer de la biomasse. Par conséquent, il représente un facteur clé pour capter le CO2." D’ici 2023, l’Union européenne envisage de devenir totalement indépendante du gaz russe, qui représente 45% de ses besoins. "Pour ce faire, trois solutions sont envisageables: réduire notre consommation, travailler sur l’efficacité énergétique et, enfin, développer l’hydrogène", mentionne Bertrand Walle.

L’hydrogène carboné est produit à partir d’un gaz naturel qui émet beaucoup de CO2. Sachant que la fabrication des engrais consomme la moitié de l’hydrogène carboné produit en France, un gisement potentiel de décarbonation est possible. "Un nouveau procédé développé à partir de l’électrolyse de l’eau permet de produire un hydrogène sans émission de CO2, mais à condition que le mix énergétique soit lui aussi décarboné, c’est-à-dire issu d’énergies renouvelables", précise Pierre de Raphaelis-Soissan, directeur développement pour Hynamics, filiale du groupe EDF.

En 2025, 50 mégawatts d’hydrogène décarboné produits près de Mulhouse

"Sur le site d’Ottmarsheim, nous avons pour projet de produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau à hauteur de 50 mégawatts, indique Bertrand Walle. Nous devons encore maîtriser la technologie avant de produire davantage. La mise en service est prévue pour la fin 2025." Cette production représentera 15% des besoins français en hydrogène, le reste sera issu du gaz naturel. "Ainsi, la France économisera 48.000 tonnes de CO2 par an et produira 36.000 tonnes d’ammoniac pour fabriquer de l’acide nitrite et de l’ammonitrate", précise le manager régional de Borealis. Ce projet répond à la demande de l’Union européenne de réduire sa dépendance énergétique et ses émissions de GES de 50% d’ici 2030 avec la production de 10 millions de tonnes d’hydrogène.

"Ce projet offre des diversifications multiples, souligne Pierre de Raphaelis-Soissan. Il permet non seulement de capter du CO2, mais aussi de produire des engrais décarbonés en France à condition d’utiliser de l’énergie renouvelable dans le processus et d’avoir suffisamment d’électricité renouvelable pour les produire." Aujourd’hui, l’hydrogène produit à partir de l’électricité coûte environ 6€/kg. Avec les subventions espérées de l’État, Borealis et Hynamics espèrent que son coût sera réduit de moitié pour l’utilisateur.

"La décarbonation est un modèle voulu par le monde politique. Il est important qu’il prenne en charge une partie de son coût", conçoit Pierre de Raphaelis-Soissan. "Le prix de l’hydrogène fera le prix de l’ammoniac et donc de l’engrais, prévient Bertrand Walle. Pour que l’agriculteur participe à cette décarbonation, il serait également judicieux de créer un label ou une garantie d’origine qui servent de repère à l’achat de fertilisants bas carbone."

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