Les micro-organismes sont partout dans la production agricole

Le monde est microbien et particulièrement dans le sol. Ici, un nématode. Crédit: William/Adobe Stock

"L’odeur que nous attribuons au sol est, en fait, l’odeur de bactéries filamenteuses qui sont présentes dans le sol, introduit Marc-André Selosse, biologiste et professeur au Museum national d’histoire naturelle. Qu’on le veuille ou non, le monde qui nous entoure est microbien. Il est difficile pour nous autres humains de le concevoir, car le monde microbien est invisible, ou visible uniquement à l’aide de matériels d’observation, mais c’est la réalité." C’est d’ailleurs dans le sol qu’il existe le plus d’organismes microbiens, bien que moins de 1 % soient observables.

Alimentation et protection des cultures

Les amibes, par exemple, qui mesurent entre un 100e et un 10e de millimètre, sont essentielles à la bonne nutrition des plantes. "Sans elles, peu de plantes pousseraient, avance le biologiste. En effet, elles broutent des bactéries pour se nourrir, les absorbent et rejettent de l’ammonium dans le milieu servant aux plantes à se nourrir à leur tour." En parallèle, les amibes participent à limiter la pression de certaines bactéries dans le milieu en régulant leur population. S’il s’agit de bactéries néfastes pour les plantes, les amibes réduisent donc le risque de dégât sur la culture.

"Les mycorhizes, elles aussi, n’ont pas qu’un rôle nourricier, poursuit Marc-André Selosse. Elles ont un rôle de protection face aux bioagresseurs des plantes. Leur présence sur les racines augmente l’efficacité du système immunitaire avec un effet systémique. Ainsi, les mycorhizes aident la plante à se protéger jusqu’au plus haut de ses feuilles."

Il n’y a pas que dans le sol et à proximité des racines que les organismes microbiens gravitent autour des plantes. "Les plantes sont des immeubles à microbes, caricature le biologiste. Les tissus des plantes sont poreux et des micro-organismes peuvent s’y loger.Souvent, ils sont associés aux maladies, car elles sont bien visibles pour l’agriculteur. Mais la diversité microbienne sur la biomasse aérienne des plantes offre aussi de nombreuses fonctions favorables aux plantes. Tout est une question d’équilibre. Et l’équilibre, c’est l’agriculteur qui le définit en partie !

Toute intervention culturale à un impact sur les micro-organismes

"Il n’existe aucune intervention culturale qui ait un impact neutre sur les micro-organismes du sol, précise Marc-André Selosse. Car la majorité de la vie biologique du sol se concentre en surface. Le travail du sol, par exemple, fragmente les champignons et les détruit. À chaque travail du sol correspond une remise à zéro de la biomasse fongique qui ne peut compter que sur ses spores pour coloniser à nouveau le milieu. Même si les bactéries sont moins impactées, l’efficacité dans leurs différentes fonctions est amoindrie. Les engrais minéraux, de leur côté, sont néfastes pour les mycorhizes… en se substituant à leur fonction de nutrition. Le glyphosate, quant à lui, est toxique pour les champignons et pour les vers de terre, notamment les cocons. Ce n’est donc pas une solution pour la vie du sol à long terme. Mais s’il y a utilisation de glyphosate dans le cadre de l’arrêt du labour, une amélioration est observée sur la vie biologique du sol. Nous avons pu noter 20 à 25% d’activité supplémentaire des espèces microbiennes. Nous ne savons pas s’il y a plus d’espèces, mais il y a plus d’individus."

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