Le rapport carbone/azote (C/N) est un indicateur qui se développe rapidement car il est facile à générer par les laboratoires. Mais attention aux pièges du rapport C/N.
« Le rapport C/N est un indicateur qui peut être très intéressant pour le pilotage de la matière organique et de l’autofertilité des sols, convient Xavier Salducci, fondateur et président du laboratoire d’analyse Celesta-lab, lors de la journée TCS organisée en fin d’année 2022. Mais il faut être vigilant à ne pas tomber dans les pièges du C/N. Il faut toujours veiller à la matrice utilisée pour analyser un rapport C/N et à son contexte. Une condition sine qua non pour s’informer sur la dynamique de ces deux éléments et sur le fonctionnement du sol ! »
Le rapport C/N d'un sol dominé par la matière organique liée
Le maître mot pour l’analyse d’un rapport C/N, c’est bien la vigilance ! Pour le prouver, l’expert du laboratoire Celesta-lab se concentre d’abord sur le rapport C/N du sol. « Le rapport C/N du sol renseigné sur les analyses de terre classiques représente à 80 voire 90% le rapport C/N de la matière organique liée – stable –, tout simplement car elle est majoritaire dans un sol. » Xavier Salducci se base sur le résultat du fractionnement granulométrique de nombreux échantillons de terre pour avancer ces derniers propos.
Le fractionnement granulométrique consiste à séparer la matière organique d’un sol dont la taille des particules est comprise entre 50 et 2000 mm de celle dont la taille est inférieure à 50 mm. La matière organique la plus fine est la matière organique humifiée qui participe à la construction du complexe argilo-humique (CAH). Il s’agit d’une forme très évoluée. Ayant déjà subi plusieurs cycles de minéralisation, la matière organique humifiée affiche un rapport C/N faible. La matière organique la plus grossière, quant à elle, est en cours de digestion par les micro-organismes du sol. Même si c’est invisible à l’œil nu, sa forme est encore très proche de celle du produit apporté au sol et en cours de dégradation. De fait, son rapport C/N est plus élevé.
Les nombreux fractionnements granulométriques réalisés par Celesta-lab mettent bien en évidence que la fraction la plus fine de la matière organique d’un sol représente généralement plus de 80% de la matière organique totale. De fait, pour un même type de sol et des systèmes de culture proches, un sol avec un rapport entre matière organique liée et matière organique labile de 80/20 arbore un rapport C/N total plus élevé qu’un sol avec un rapport entre les deux matières organiques de 90/10, en se contentant d’une analyse de terre classique. « En l’état, ce chiffre donne une information sur ce qui s’est passé dans le sol durant les 50 ou 100 dernières années, avance Xavier Salducci. Une information qui a peu d’intérêt pour un agriculteur souhaitant piloter son sol aujourd’hui. De fait, le fractionnement granulométrique de la matière organique ainsi que la mesure du rapport C/N des deux matières organiques permettent d’obtenir une information plus pertinente pour piloter les apports de matière organique dans le futur. »
