Avec ses canicules, 2022 va-t-elle influencer les pratiques de désherbage de la campagne prochaine, alors que les molécules disponibles sont les mêmes? A priori, non, puisqu’une période pluvieuse est engagée, qui a déjà réactivé les levées de fin d’été.
Les applications d’automne devraient progresser, d’après Ludovic Bonin, expert au pôle flores adventices d’Arvalis. Il constate que 70% des surfaces de céréales d’hiver ont été traitées à l’automne en 2021, dont 30% en pré-levée stricte, 43% en post-levée précoce et 22% en pré- puis post-levée. Le faux-semis, qui n’est pas remis en cause, est efficace, tant qu’il ne retarde pas trop les dates de semis.
Considérer les échecs de sélectivité passés
Les échecs de sélectivité enregistrés l’an dernier, sur des blés semés plutôt tardivement, doivent être pris en considération. Patricia Huet, ingénieure conseil à la chambre d'agriculture d'Eure-et-Loir et agricultrice, insiste sur les conditions de mise en œuvre des herbicides. Elle relève le risque de mauvaise sélectivité lié à des pluviosités importantes qui suivent les applications. Elle alerte sur la régularité et la profondeur du semis, de l’ordre de 2,5cm, afin de tenir les graines "à distance" des molécules, sans nuire au tallage.
Enfin, elle met en garde contre la possible sensibilisation au gel. Il apparaît que l’exercice est difficile dans les régions pluvieuses et gélives pour des applications de fin octobre. Dans ce cas, elle propose, lorsque l’enherbement et la nature du sol le permettent, de semer une orge de printemps à l’automne, à la place d’une orge d’hiver. Cela permet d’activer un levier dans la rotation.
Idéalement, il faut parvenir le plus souvent possible à libérer les parcelles tôt et à installer un couvert. Selon son effet sur la flore adventice, il peut être secondé par un faux-semis. Cela peut induire une adaptation de la rotation et, si le pédoclimat et l’économie le permettent, l’introduction de cultures nouvelles.
