Les cas de résistance au glyphosate se multiplient

Différentes publications de l'Inrae évoquent des cas de résistance de la part du vulpin et du ray-grass. Crédit: BrunoMartinsImagens/Adobe Stock

Suite à différentes publications de l'Inrae évoquant des cas de résistance de la part du vulpin et du ray-grass, nous avons pu échanger avec Christophe Délye, chercheur en agroécologie, spécialisé dans l'étude de ces mécanismes de défense des plantes.

D'après vos travaux, quelle évolution semble se dessiner concernant la résistance au glyphosate?

Christophe Délye: Mes travaux de recherche portent sur les phénomènes de résistance aux herbicides, mais principalement sur les cas émergents. À ce sujet, on avait repéré de la résistance au glyphosate sur le ray-grass depuis déjà quelques années en vigne. Mais le phénomène s’étend, et depuis 2021, on commence à remarquer de la résistance en grandes cultures.

En outre, l’an dernier, nous avons identifié un cas de résistance de la part du vulpin, ce qui était une première mondiale.

Le problème est que l’on ne peut parler que des cas avérés ayant été observés. Cela veut dire qu’il peut y en avoir bien d’autres dans différentes régions, mais qui n’ont pas été mis au jour. En général, on ne voit que la partie émergée de l’iceberg, compte tenu des surfaces concernées sur tout le territoire français.

Sans compter que certaines résistances sont parfois identifiées par des organismes privés. Mais pour des raisons de logiques commerciales, les informations ne sont pas communiquées.

Pour nous à l’Inrae, la situation semble s’aggraver; on a des suspicions, mais il est encore un peu tôt pour avoir des données fiables sur les dernières évolutions. Car dans le cadre du plan de Surveillance biologique du territoire1, on teste les nouveaux échantillons prélevés au cours de l’hiver. Les réponses ne viendront donc qu’au printemps prochain.

Comment mesure-t-on la résistance ?

C.D.: Par exemple, lorsque nous travaillons sur du vulpin, pour effectuer ces mesures, nous réalisons un essai en serre, avec des graines issues de la parcelle que l’on pense touchée. C’est ce que l’on appelle un test de sensibilité biologique. On les cultive alors jusqu’au stade de trois feuilles.

À ce moment-là, on expose la plante aux mêmes doses de glyphosate que celles reçues en moyenne dans les champs. À titre de comparaison, on fait subir le même traitement à du vulpin dit "sensible", dont on sait qu’il n’a pas développé de mécanisme de résistance.

Au bout de quinze jours d’essais, la plante classique est brûlée quand le vulpin dit "résistant" a, lui, survécu. Les mesures et notations peuvent durer jusqu’à un mois après l’exposition de la plante à l’herbicide. Bien sûr, on teste aussi d’autres types de résistances.

Vers une fin de l’efficacité des herbicides classiques?

Cette évolution vers toujours plus de résistance de la part des cultures pose un réel souci, à terme, d’efficacité pour les herbicides. L'Inrae insiste sur le fait qu'il y a un véritable message à faire passer aux agriculteurs sur la nécessité de diversifier les pratiques de désherbage, de développer les procédés de biocontrôle.

Il convient enfin de signaler que le glyphosate est jusqu’à aujourd’hui le produit le moins concerné par ce phénomène. Ainsi, le développement récent de nombreux cas supposés de résistance laisse penser à l’Inrae que l’efficacité d’une majorité d’herbicides risque d’être remise en question au cours des prochaines années.

(1) L'article L251-1 du Code rural précise que la surveillance biologique du territoire a pour objet de s'assurer de l'état sanitaire et phytosanitaire des végétaux et de suivre l'apparition éventuelle d'effets non intentionnels des pratiques agricoles sur l'environnement.

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