Le soufre se substitue partiellement aux fongicides conventionnels
Remplacer les fongicides par des substances naturelles telles que le soufre pour lutter contre les maladies des cultures, c’est possible. Les expérimentations sont menées depuis plusieurs années avec des résultats encourageants mais variables selon les formulations utilisées.

Molécule multisite, le soufre est utilisé en tant que fongicide sur certaines grandes cultures (céréales, betteraves…) pour bloquer des processus physiologiques des champignons. Il agit surtout en préventif par contact ou par vapeur en inhibant la germination des spores. En utilisation curative, il limite le développement fongique.
Le T1 conventionnel peut être réduit de 50%
Associé à un fongicide à dose réduite, le soufre s’avère efficace sur oïdium mais également sur septoriose du blé. Les AMM (autorisations de mise sur le marché) sur ces cibles se multiplient. Les résultats sont d’autant plus intéressants que le traitement est effectué de façon précoce. Des essais menés par Arvalis montrent qu’en présence de septoriose l’efficacité des produits à base de soufre est meilleure en association avec un produit fongicide à dose réduite comparé aux produits chimiques utilisés seuls à leur dose de référence. Grâce au soufre, la dose du premier traitement fongicide T1 conventionnel peut être réduite de 50%. Les conditions permettant une substitution totale de ce T1 par du soufre méritent encore d’être expérimentées et validées. Celle-ci n’est envisageable sans pénalité de rendement que si la pression maladies reste faible (nuisibilité inférieure à 10 quintaux/ha). Quant au potentiel du soufre en tant que renouvellement du T1, il nécessite d’être encore travaillé.
Le soufre, un biocontrôle qui ne demande qu’à s’associer
Depuis quelques années, les produits arrivant sur le marché du biocontrôle sont multiples et présentent souvent un principe actif à base de soufre. Avec ou sans AMM, leur efficacité est reconnue lors d'une faible pression fongique sur les céréales par exemple. Les efficacités ne sont pas toutes identiques et dépendent de la finesse, du dosage et de la densité du soufre utilisé. Les formulations sont tout aussi importantes. Pour être performante, une suspension aqueuse est associée à un tensioactif qui accroît son adhérence alors que sous forme micronisée, c’est la présence de particules plus ou moins fines qui dicte l’efficacité de l’application grâce à la qualité de la couverture foliaire.
Soufre et phosphonates pour des applications 100% biocontrôle
Les recherches se poursuivent vers des applications 100% biocontrôle. Des associations de soufre et de phosphonates, sels issus de roches phosphatées, sont en cours d’expérimentation pour lutter contre les maladies. Ces minéraux peuvent agir directement sur leur cible ou bien stimuler la défense des plantes avec un effet systémique, peu courant pour les fongicides. Ce duo gagnant du soufre et des phosphonates combine des actions complémentaires des éléments, intérêt déjà démontré dans les essais. Cependant, trois à quatre applications sont nécessaires pour une efficacité similaire au programme conventionnel avec une persistance d’action identique de 30 jours après la pulvérisation. Les pistes de travail se poursuivent avec le même objectif : aller vers une substitution partielle voire totale du premier fongicide chimique classique.
Le soufre est aussi un biostimulant
Le soufre, en tant que biostimulant, peut favoriser les défenses naturelles des plantes saines contre les champignons et les bactéries phytopathogènes pendant quelques jours à quelques semaines. L’action des biostimulants améliore l'absorption des nutriments minéraux des plantes et donc augmente leur vitalité et leur tolérance aux stress abiotiques ou aux maladies. Toutefois, leur efficacité pour prévenir les maladies ne peut être garantie. Des attentes d’homologation sont en cours pour des biostimulants contenant du soufre.
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