Perte de rendement, progression sur différents types de terrains, contamination facile… Marine Dodet a consacré une thèse à cette herbacée qui a toutes les caractéristiques d’un conquérant obstiné et d’un parasite dont il est difficile de se débarrasser. Cultivar fait le point sur... le souchet.
Le souchet, qu’est-ce que c’est ? Cyperus esculentus, plus communément appelé souchet comestible, est une espèce herbacée pérenne de type C4 à croissance clonale. « On estime que 7 % des espèces des Cyperaceae sont des mauvaises herbes, les deux principales étant C. esculentus et C. rotundus », peut-on lire dans la thèse de Marine Dodet.
- Adulte, la plante atteint une hauteur variant de 20 à 70 cm.
- Les feuilles sont d’un vert clair, très allongées, minces, larges de 4 à 8 mm et pointue.
- L’inflorescence est dépassée par 2 à 5 feuilles et les épillets sont roux-doré.
- Sa pérennité est assurée par les tubercules, seuls organes capables de passer l’hiver.
Quelle est sa nuisibilité ? C. esculentus occasionne les plus grandes pertes de rendement sur les cultures, n’offrant qu’une compétition minimale et dépourvue d’une canopée dense et uniforme, selon la thèse de Marine Dodet. En effet, l’adventice nécessite un fort ensoleillement et une humidité suffisante pour croître et se développer.
- « Les rhizomes sont connus pour se développer dans les tubercules de pomme de terre et d’autres cultures dont la partie souterraine est commercialisée, telles que les bulbes de fleurs. »
- « Le rendement en pomme de terre peut passer de 80 t/ha à moins de 15 t/ha », note Jean-Frédéric Martin, d’Agrosoil.
- « La qualité de la récolte restante peut également être amoindrie, poursuit le représentant d’Agrosoil. Les producteurs peuvent être amenés à jeter la moitié car les rhizomes de souchet transpercent les pommes de terre. »
Pourquoi le souchet gagne-t-il du terrain ? « Depuis trois ans, nous constatons que la plante progresse à la fois géographiquement et dans les types de terre qu’elle colonise, avance Jean-Frédéric Martin. Elle est visible dans des terres limoneuses et nous découvrons les premiers plants dans de l’argile rouge. » Le souchet est capable de se reproduire par les graines s’il atteint la fin de son cycle végétatif, mais c’est rarement le cas en France, par manque de températures favorables, bien que le changement climatique soit de son côté.
- Le principal vecteur de dissémination est le transport des tubercules sur les équipements agricoles depuis les champs infestés vers les parcelles propres ou par la plantation de matériel végétal contaminé.
Quels sont les moyens de lutte ? L’impact sur la culture étant important, les moyens de lutte doivent être adaptés :
- Pour ce qui est des moyens de lutte chimique, « les résultats diffèrent fortement d’une famille de molécules à l’autre, mais il n’existe pas d’herbicide contrôlant efficacement C. esculentus en une application, lit-on dans la thèse. Des applications répétées aux doses conseillées sont nécessaires pour permettre un contrôle annuel acceptable de la mauvaise herbe ».
Jean Frédéric Martin évoque des récits d’agriculteur ayant allié « 12 l/ha de Roundup avec 5 l/ha de débroussaillant type Genoxone sans résultat probant. La plante jaunit et quelques semaines plus tard, repart de plus belle ». - Pour ce qui est de la gestion mécanique, « toute stratégie de réduction du travail mécanique a favorisé la prolifération de C. esculentus, souligne Marine Dodet. Le passage fréquent d’outil de travail du sol pour épuiser les réserves du tubercule et le remonter vers la surface sont les composants nécessaires d’un programme de gestion des Cyperus ».
- Le nettoyage méthodique du matériel servant au travail du sol ou à la récolte est indispensable entre chaque parcelle pour éviter la dissémination.
