L’indicateur ISMO, pour «indicateur de stabilité de la matière organique», permet de connaître le pourcentage de matière organique d’un produit qui crée de l’humus, donc de la MO liée. Dans une logique d’augmentation de la matière organique totale d’un sol, le calcul de l’ISMO est utile.
Anthony Le Quemener, directeur technique grandes cultures de Biosphères, prend l’exemple du fumier. «Si toute matière contient trois types d’éléments que sont l’eau, la matière organique et la matière minérale, il peut être considéré que la matière minérale dans le fumier est insignifiante. De fait, la matière sèche (MS) du fumier peut être totalement assimilée à de la matière organique.»
À raison de 20% de MS, une tonne de fumier compte 200kg de MO. Or, l’ISMO du fumier est de 50%. Ce qui signifie que 50% de la matière organique du fumier se transformera en humus (ou MO liée). Donc, sur une tonne de fumier, 100 kg produiront de l’humus. Dans un objectif d’augmenter le taux de MO d’un sol limoneux de 2% à 2,5%, il faut apporter 21t/ha d’humus supplémentaire. Ce qui représente 210t/ha de fumier, soit 21t/ha/an de fumier pendant 10 ans. En partant du principe que la perte de matière organique due à l’activité biologique du sol est compensée par la restitution des résidus de culture.
La paille alimente le sol en matière organique libre
L’ISMO de la paille, d’ailleurs, est de l’ordre de 20. Ce qui signifie que 80% de la paille génère de la matière organique libre, facilement décomposable par les microorganismes du sol. La paille est composée approximativement de 80% de matière organique, soit 800kg pour une tonne de paille. Avec un ISMO de 20, cela signifie qu’elle participe à alimenter le sol de 640kg de MO libre (800kg x 0,80) et 160kg de MO liée par tonne de paille.
Restituée au sol, la paille compense donc le K2 qui est approximativement de 2% en sol limoneux, soit 1,6tMO/ha/an consommée par la vie biologique. Mais avec un rapport C/N de 100, la paille restituée risque d’engendrer une faim d’azote, courte certes, mais intense. «Il faut donc jouer sur son enfouissement et la longueur de ses brins pour piloter la potentielle faim d’azote», invite Anthony Le Quemener.
