Le plan prévisionnel de fumure est-il efficace pour l’environnement ?

L'amélioration des connaissances sur le sol induit la remise en cause d'outils utilisés depuis de nombreuses années, y compris le PPF. Crédit: MNStudio/Adobe Stock

Les réglementations en vigueur (PAC, directive nitrates…) requièrent que les exploitations agricoles établissent un plan prévisionnel de fumure (PPF) pour que les sols n’aient pas de reliquats de nutriments après récolte, de façon à protéger les cours d’eau et les nappes de pollutions.

Or, "les PPF n’intègrent pas les besoins importants en nutriments des organismes du sol qui décomposent les résidus de récolte (pailles, racines, etc.). Cela risque de présenter, à terme, des conséquences désastreuses pour les sols, les cultures et le fonctionnement des écosystèmes", indique Vincent Chaplot, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).

Les modèles de pilotage des PPF estiment une dose "juste"... pour les cultures

Le PPF consiste à prévoir l'ensemble des apports d'engrais et d'amendements sur les différentes cultures sur une année culturale à l'échelle de la parcelle ou de l'exploitation. Plusieurs modèles existent et sont proposés par Arvalis et les chambres d’agriculture, et intégrés dans N-tester, Geofolia, Fertiweb, Farmstar, etc. Ils mettent en rapport les reliquats du sol, les apports de fumier et d’autres effluents avec les besoins des cultures en tenant compte du type de sol et des précédents culturaux.

Ces plans visent à estimer la dose "juste" à épandre sur les sols, c’est-à-dire celle qui va permettre d’optimiser le rendement d’une culture sans laisser de reliquats dans le sol après récolte, car ceux-ci pourraient rejoindre les nappes et les cours d’eau pour les polluer. L’obligation d’implanter des Cipan vient s’ajouter à cela pour un objectif "zéro nutriment" dans le sol jusqu’à ce que la culture suivante soit bien développée.

La dose "juste" pour les cultures conduit à la destruction de la MO des sols

Des recherches (menées notamment par Sébastien Fontaine et Bruno Mary d’Inrae) ont démontré dès 2003 que la présence de résidus de récolte dans un sol dépourvu de nutriments conduit à la destruction de la matière organique (MO) ancienne du sol par les micro-organismes en quête de nutriments pour se développer. Ce qui n’a pas été remis en question depuis.

Une telle destruction ne se produit pas lorsque N, P, K et S sont présents dans le sol. Au contraire, la MO se crée en abondance à partir des résidus de récolte lorsque ces nutriments sont en quantité.

Quand les PPF conduisent à la baisse des rendements

Les PPF tels qu’ils sont imposés conduisent ainsi à la destruction de la MO du sol et, par effet ricochet, à des conséquences inverses de celles souhaitées sur la ressource en eau, les cultures et les écosystèmes.

"Constituée de molécules carbonées à chaînes plus ou moins longues, la MO structure le sol, facilite l’infiltration et la rétention d’eau, les échanges gazeux dans le système sol-plante-atmosphère, et retient les nutriments indispensables à la croissance des plantes, des organismes du sol et des chaînes alimentaires terrestres. Causer une diminution de la teneur en MO des sols, c’est amoindrir la capacité des sols à produire de la nourriture et de la biomasse. C’est aussi favoriser la formation de croûtes de battance et le ruissellement de surface pourvoyeur de pesticides, de particules de sol et de nutriments associés vers les cours d’eau et également vers les nappes, du fait de la destructuration du sol en profondeur. C’est enfin mettre à mal la biodiversité terrestre à travers une moindre quantité de nourriture et un habitat dégradé", avance le chercheur de l’IRD.

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