Le colza s'envisage aussi en agriculture biologique

Le colza s'envisage aussi en agriculture biologique. Crédit: mirkograul/Adobe Stock
Au regard des difficultés observées en conventionnel (gestion des adventices, des ravageurs), la culture du colza en agriculture biologique est-elle facilement envisageable ?

« Pour avoir eu l’occasion de mener une enquête auprès de trois producteurs bio qui cultivaient du colza en Eure-et-Loir, leur moyenne lissée sur dix ans était de 22 quintaux, témoigne Matthieu Le Bras, technico-commercial en charge de l’expérimentation au sein d'Axéréal Bio. Parfois, le rendement était quasi nul, mais il a aussi atteint 30 quintaux certaines années. Ce n’est donc pas une culture impossible à produire en bio. »

Reste que cette production semble soumise à une plus grande variabilité en matière de rendements, comparativement à d’autres cultures conduites en agriculture biologique.

Un unique levier

En colza, les principales difficultés se portent essentiellement sur les maladies et ravageurs. Et concernant les maladies, le seul levier est la génétique, avec des variétés tolérantes aux principales maladies, le phoma et le sclérotinia.

« Face aux ravageurs, il n’y a, à ma connaissance, pas d’insecticide homologué en bio, précise le technico-commercial. L’une des solutions est de choisir des variétés de colza vigoureuses et de faire en sorte qu’elles fassent de la biomasse à l’automne. Des plantes fortes en entrée et sortie d’hiver résisteront davantage à la pression engendrée par les bioagresseurs. »

Des stratégies pour limiter la pression

Pour limiter l’impact des insectes, il est aussi conseillé de ne pas implanter le colza dans une zone où il est déjà très répandu en conventionnel. Si possible, privilégier des secteurs où sa concentration est plus faible. En parallèle, le recours à l’association avec des légumineuses telles que la féverole contribue à diminuer la pression des insectes sur les crucifères.

Le technico-commercial conseille également « d’ajouter une dose de colza à floraison précoce au moment du semis et de viser 10 grains/m2, et ce dans l’objectif d’attirer les méligèthes sur cette variété plutôt que sur celle d’intérêt. Il est aussi envisageable d’implanter une bande le long d’un bois ou d’un colza voisin, afin de faire "barrière" face à ces éléments qui constituent un habitat pour les insectes ».

Une culture adaptée au désherbage mécanique

En l’absence d’autres alternatives au désherbage que la solution mécanique, avoir un colza qui couvre le sol rapidement limite la concurrence des adventices. C’est cependant une culture qui se prête bien au désherbage mécanique, grâce notamment à des écartements entre rangs qui peuvent être plus importants qu’en céréales.

Différentes configurations sont ainsi envisageables pour le semis d’un colza en AB. « Semée "en plein" ou à écartement, si la graine est bien enterrée et la ligne de semis suffisamment rappuyée, un passage de herse étrille (ou de houe rotative) est envisageable en post-semis pré-levée. Il faut toutefois veiller à ne pas abîmer le germe », conseille Matthieu Le Bras.

Le recours à ces outils de désherbage mécanique n’est recommandé ensuite qu’à partir du stade 3 à 4 feuilles du colza. La bineuse peut être utilisée jusqu’au stade montaison. Si les conditions sont favorables à l’automne, deux binages sont possibles, ainsi qu’en sortie hiver, tant que la culture n’atteint pas le châssis de la machine.

Des semis première quinzaine d’août

Pour la préparation du terrain avant le semis, les prérequis sont similaires au conventionnel, avec notamment un lit de semence fin et un rappui après l’implantation dans l’objectif de favoriser un bon contact terre/graine.

En cas d’absence de labour, une fissuration du sol en profondeur est à prévoir, afin de faciliter le développement de la racine pivot. Des semis plus précoces qu’en colza conventionnel sont aussi à privilégier. 

« L’idéal est de caler les semis sur la première quinzaine du mois d’août. Pour cela, il est préférable de favoriser un précédent avec une date de récolte précoce, afin d’avoir le temps de réaliser plusieurs faux-semis en amont.

Concernant le précédent, retenir si possible une culture qui laisse de l’azote, par exemple une luzerne ou une praire temporaire avec des légumineuses. Comme ce sont des cultures destinées à la fauche, elles laisseront, théoriquement, des parcelles peu envahies d’adventices. La luzerne, libérant de l’azote en année n+1, mais également n+2, peut permettre de partir sur un schéma: luzerne, blé, puis colza. »

Des variétés robustes et rapides

Le choix de variétés vigoureuses et qui démarrent rapidement est un atout pour la culture. Le but est d’atteindre le stade 4 feuilles assez vite et de se retrouver avec une plante suffisamment résistante lorsque vont arriver les attaques de grosses altises et de limaces. 

« Des variétés vigoureuses au démarrage, oui, mais attention à ce qu’elles soient peu sensibles à l’élongation, prévient Matthieu Le Bras. Cela peut éviter le risque phoma en sortie d'hiver suite à une végétation trop importante. » 

Un compromis est donc à trouver entre un colza bien développé à l’automne, mais pas trop non plus en sortie d’hiver.

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