Le choix variétal se raisonne à la parcelle pour lutter contre la hernie des crucifères sur colza

Hernie des crucifères sur colza. © M.-D. Guihard/Pixel6TM - Terres Inovia

Lors des jeudis TI, Terres Inovia a développé les moyens de lutte contre la hernie des crucifères sur colza. Le moyen le plus efficace reste le levier variétal.

Les dégâts de la hernie des crucifères, jusqu’à 100% de pertes, s’étendent à de nouvelles régions françaises. Outre la région Centre, la Bretagne, le Poitou-Charentes, la Bourgogne et la Lorraine, cette maladie se développe désormais en Île-de-France (Yvelines) et Normandie. Ces symptômes sont parfois confondus avec ceux du charançon gallicole qui présentent des galeries dans un pivot toujours présent, mais ils se distinguent par une galle pleine, blanchâtre, sans pivot ni racine. Les mesures prophylactiques sont bien connues : favoriser le drainage pour éviter les excès d’eau, limiter autant que possible le transport de sol, de végétaux et d’équipements susceptibles de contaminer des parcelles indemnes. Le fumier peut être aussi une source de contamination. Le nettoyage du matériel est recommandé.

Des mesures prophylactiques indispensables

Allonger les rotations, choisir des intercultures sans crucifères, soigner le désherbage et ne pas laisser les repousses de colza qui peuvent servir de réservoir en inoculum, spécifie Ségolène Plessix, ingénieur Terres Inovia lors d’un webinaire TI sur la hernie des crucifères. Et chauler les parcelles dont le pH est inférieur à 6, les sols acides favorisant la maladie. Des travaux ont montré que plus le retour du colza sur une parcelle est allongé (4 ans et plus), moins le pH acide du sol agit favorablement sur la maladie. 

 

Huit pathotypes dont un très virulent 

Même si ces mesures paraissent indispensables, la génétique est le plus fort levier pour limiter la maladie. Face à huit pathotypes déterminés (P1 à P8), le colza réagit selon des types de résistances dites qualitatives ou quantitatives. Dans le premier cas, le plus souvent, un seul gène est en jeu et la plante est résistante ou pas. Dans le second cas, plusieurs gènes plus ou moins résistants sont impliqués et cela provoque des dégâts plus ou moins importants chez la plante. Les pathologistes se basent sur la variété Mendel comme témoin, seule variété résistante sur le marché durant plusieurs années. Or dans certaines régions, le champignon (Phasmodiphora brassicae) contourne la « résistance Mendel ». Les pathotypes P1 à P3 (appelés P1+, P2+ et P3+), les plus fréquemment rencontrés, sont concernés. Or selon les chercheurs du Geves, des différences de réaction s’observent entre parcelles mais aussi à l’intérieur d’une même parcelle.

L’hétérogénéité étant plus forte qu’entre secteurs géographiques, le choix variétal se raisonne à la parcelle, affirme Christophe Jestin de Terres Inovia.

 

Faible diversité génétique chez les variétés commercialisées

Après l’arrivée de Mendel dans les années 2000 (il a fallu 13 ans pour créer cette variété), les sélectionneurs et l’Inrae, dans le cadre du GIE colza avec le soutien de la filière, ont commencé à explorer la diversité génétique des progéniteurs envers cette maladie. Depuis, plusieurs inscriptions de variétés ont eu lieu. Le CTPS délivre même un label « résistance à la hernie » en fonction des résultats d’un test spécifique. Mais des variétés mises sur le marché sont seulement des améliorations agronomiques de Mendel (amélioration du rendement) et présentent le même type de résistance que Mendel que certains pathotypes peuvent contourner.

Selon les essais 2017 de Terres Inovia réalisés dans la Vienne avec la chambre d’agriculture sur une parcelle touchée par de la hernie, la variété DK Platinium avait le meilleur rendement. Mais aucune variété dite "résistante" ne permet de lutter contre le pathotype dit P1+, le plus agressif. Aussi, selon Terres Inovia, serait-il parfois intéressant de prévoir un test moléculaire pour connaître quel pathotype est présent dans sa parcelle (on peut faire le test chou chinois¹ sans toutefois pouvoir distinguer les pathotypes). Cette prestation est réalisée par Terres Inovia (j.carpezat@terresinovia.fr).

Terres Inovia préconise au moins une variété à bon comportement.

Afin de mieux profiter des améliorations génétiques, un programme porté par le Geves est en cours. Il se terminera en 2021. Il s’agit d’améliorer le test réalisé pour le label du CTPS afin qu’il soit plus robuste et plus rapide en travaillant sur des isolats monospores, de mieux faire corréler les tests en laboratoire avec la réalité du terrain et enfin de mieux valoriser la réponse des colzas à la maladie en prenant mieux en compte la palette de résistance.

1. Test chinois : le diagnostic est à réaliser de début avril jusqu'à la fin août. Faites 4 à 5 prélèvements de terre par zone homogène de la parcelle sur 30 cm de profondeur. Mélangez le tout et remplissez 10 pots d’environ 1 l par parcelle testée. Semez 40 à 50 graines de chou chinois Brassica campestris pekinensis, de la variété « Granaat » (que vous pouvez trouver en graineterie ou jardinerie). Éclaircissez si nécessaire à la levée. Humidifiez les pots et gardez la terre humide. Après 6 à 8 semaines de croissance, arrachez les plantules et observez la présence ou non de galles sur les racines. Source BSV Bourgogne Franche-Comté.

 

  

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