La portance se crée sans travailler le sol

Tassement du sol par une benne. Crédit photo : Mathieu Lecourtier/Média&Agriculture

Consultant Agronomie Conseil et ancien conseiller à la Sepac sur l’agriculture de conservation des sols, Serge Augier estime que la portance est l’un des paramètres qui crée la vraie dynamique du sol.

« La portance, au même titre que la structure, la vie du sol et la matière organique, est un des éléments qui construisent le système sol. S’il manque un de ces paramètres, il ne fonctionne plus ! », souligne Serge Augier. Depuis 30 ans, il accompagne des agriculteurs sur plus de 30000 ha cultivés en semis direct. « Avec Lucien Seguy du Cirad, nous avons mesuré la densité de sol. C’est un mécanisme physique lié à sa porosité. Celle-ci est créée par les racines pérennes des cultures, notamment des légumineuses, et par les galeries des vers de terre. »

Il rappelle que les lombrics ont besoin d’une alimentation carbonée et azotée suffisante pour favoriser leur activité. Les manchons qu’ils constituent sont de véritables galeries, structurées et portantes, avec une durée de vie de trois à cinq ans sur sol non travaillé. « Il suffit de 30 manchons de vers de terre par mètre carré de sol pour produire le même effet que des drains ! »

De multiples ingrédients indispensables à la portance

Selon Serge Augier, c’est le travail du sol qui tasse les agrégats, dégrade la porosité et casse la portance. Il fait le parallèle avec les métiers du BTP, qui ont recours à une saturation en calcium actif du sol, pour le tasser, le stabiliser et le rendre très résistant. « En agriculture, c’est l’inverse qu’il nous faut. Le calcium, la vie du sol et les légumineuses pérennes assurent son bon fonctionnement sans recours à d’autres actions quel que soit le type de sol. Un sol ne peut pas être tassé s’il n’est pas travaillé. »

Davantage de matière organique pour plus de réserve en eau

En France, l’agronome estime qu’il manque 4% de matière organique labile dans les sols, ce qui augmenterait la réserve en eau du sol, de 25 à 30%, et également la portance.

Actuellement, il considère ce taux entre 1,2 et 1,5%. « Pour accroître de 2% le taux de matière organique d’un sol, il faudrait lui apporter 225 unités d’azote excédentaires annuelles sur une période de 20 ans pour respecter l’équilibre C/N. C’est gigantesque ! Sans légumineuses permanentes, ce n’est pas envisageable. » Cette matière organique contribue à la structure du sol, et donc à sa portance, sans intervention de travail du sol qui, aux dires de l’agronome, « tue la rhizosphère et ses champignons. En cultivant des légumineuses à pivot, nous n’observons pas ce phénomène de tassement du sol grâce à l’exploration en profondeur des racines. La physique des sols a une capacité à se corriger à condition d’arrêter de la dégrader. »

Calcul de la dose d'azote nécessaire à la reconstitution de ma matière organique.  Selon Serge Augier

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