La luzerne bio déshydratée en recherche de volumes

Deux ensileuses à luzerne de la coopérative GraSaSa (Dordogne); Photo O.Lévêque/Pixel Image

En 2017, la France a produit 850 000 t de luzerne déshydratée sur 66 700 ha (pour un total de 250 000 à 300 000 ha de luzerne cultivés en France), soit une hausse de 14 % en comparaison de 2016. La part en agriculture biologique était de 39 000 t. Des volumes plutôt à la hausse depuis le plan protéine de 2013, mais bien en dessous des 1 346 000 t de 1998, observe Éric Masset, président de Coop de France déshydratation, lors d’un voyage de presse début juin 2018 chez la coopérative GraSaSa (Dordogne), dans le cadre de la semaine de la coopération.

Pour répondre à la demande, il faudrait 40 000 ha supplémentaires, comme indiqué dans notre plan de filière luzerne déshydratée, dans lequel nous demandons notamment un soutien à la recherche, la rémunération des aménités environnementales, ou la sécurisation des investissements industriels.

Usine GraSaSa, à Sainte-Cécile (Dordogne), avec four à biomasse. Photo : O.Lévêque/Pixel Image

La demande en luzerne bio est en augmentation constante, avec de gros industriels comme Agrial, Sodiaal ou Biolait qui cherchent à augmenter leur collecte de lait bio, poursuit Éric Masset. Pour compléter les 39 000 t de luzerne bio déshydratée produites annuellement en France, nous en importons entre 8 000 et 10 000 t, majoritairement en provenance d’Italie.

Mieux gérer la fertilisation

Chez la coopérative GraSaSa, 6 000 à 8 000 t de luzerne déshydratée sont produites annuellement grâce au four à biomasse, à 60 % en bio contre 40 % il y a trois ans. Pour Denis Pinoit, directeur de l'usine, la tendance économique en faveur du bio est favorable.

Nous nous posons même la question de savoir comment gérer cette demande forte ! Il faut bien suivre les producteurs, car certains pensent que la bio, c’est "ne pas mettre d’engrais"… Mais c’est faux ! Si on n’applique pas les bons gestes, surtout en matière de fertilisation, la bio est finie dans 10 ans !

Pour Denis Pinoit, directeur de l'usine, la tendance économique en faveur du bio est favorable. Photo : O.Lévêque/Pixel Image
 

Valoriser les bons rendements

La problématique actuelle de la coopérative GraSaSa est de s’approvisionner en luzerne bio de qualité. Sur les 1 400 ha de luzerne sous contrat, GraSaSa en récolte  1 200 ha, dont 800 ha en bio, chiffre Vincent Mercier, technicien à la coopérative, responsable de la relation aux apporteurs, de la qualité et de la certification.

Les surfaces écartées correspondent à des luzernes pas assez qualitatives. Les agriculteurs s’engagent sur trois ans minimum sur une surface de luzerne, et la coop s’engage à la récolter, avec un prix de base et des compléments. Pour 2018, nous faisons évoluer notre système tarifaire, avec des bonus pour des bons rendements et de bons taux de protéines, et des malus pour celles qui décrochent. Car le coût de récolte est le même pour nous, d’où l’intérêt de valoriser les bons apporteurs, qui réalisent un bon suivi de la fertilisation.

A gauche, Vincent Mercier, technicien chez GraSaSa, à côté de Thierry Guérin, président de la coopérative. Photo : O.Lévêque/Pixel Image

Avec trois coupes, la moyenne des apporteurs de GraSaSa se situe à 6 t/ha en associant bio et conventionnel. "Certains arrivent même à 12 t/ha, souligne Vincent Mercier. Avec une bonne fertilisation, il est possible d’obtenir 8-9 t/ha, le niveau moyen visé par la coop, pour avoir une bonne rentabilité."

La luzerne bio est achetée 10 à 15 euros de plus la tonne par GraSaSa, avec une pondération selon le taux de protéine. En effet, la luzerne bio est souvent moins riche en protéines (16 contre 18 % de protéines minimum sur extrait sec dans les granulés), et les acheteurs prennent en compte ce niveau de protéines pour la fabrication d’aliment du bétail, observe le directeur de GraSaSa.

Mais en bio, la luzerne décroche peu au niveau des rendements, comparé à la production de céréales bio comparé au conventionnel. C’est donc une culture d’intérêt pour les producteurs avec de nombreux atouts : très bon précédent, réduction des adventices dans les rotations, restructuration des sols, et sécurisation économique pour une conversion en AB.

Pour inciter les producteurs à un meilleur suivi de leurs luzerne, GraSaSa a mis en place deux plates formes d’essai, depuis deux ans. Photo : O.Lévêque/Pixel Image

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