La méthode Cultan, pour Controled Uptake Long Term Ammonium Nutrition, traduite en français par «Absorption contrôlée d’azote par alimentation de longue durée en ammonium», reste encore marginale sur le territoire français. Cette pratique montre des résultats prometteurs quant à la limitation des pertes par volatilisation et une meilleure efficience de l’engrais.
« La méthode Cultan consiste à injecter dans le sol de l’azote liquide, sous forme de solution 39, indique Jean-Frédéric Martin, fondateur d’Agrosoil. La technique permet un seul apport tout en réduisant de 95 % l’évaporation de l’azote et de 50 % les émissions de gaz à effet de serre (Ges), en comparaison à un apport d’azote liquide par pulvérisation. Cette technique est développée aux États-Unis depuis les années 1960 et dans d’autres pays européens, où les épandages d’engrais à l’air libre sont interdits. »
Une pratique d’avenir pour la fertilisation azotée
Thierry Rosay est exploitant agricole et entrepreneur de travaux agricoles à Fère-Champenoise dans la Marne. Il a choisi de pratiquer la méthode Cultan pour valoriser au maximum ses engrais azotés tout en s’affranchissant des conditions climatiques lors de l’apport (sec ou vent). Pour mettre en place cette technique, l’agriculteur a investi dans un automoteur d’occasion d’une capacité de 12 000 litres et équipé d’une rampe de 12,50 mètres. Cette dernière est constituée de roues en inox crantées, espacées de 25 centimètres et disposant chacune de pointes d’injection tous les 19 centimètres. Grâce à un orifice situé en leurs extrémités, celles-ci, en s’introduisant dans le sol, incorporent la solution azotée, sous pression dans la cuve (1,5 à 2 bars). « L’azote est injecté uniquement lorsque la pointe est dans la position verticale dans le sol », précise l’entrepreneur. Il est ainsi positionné à 4 ou 5 cm de profondeur, dans la fraîcheur résiduelle du sol et au plus près des racines de la plante.
« L’injection de l’azote permet de contrôler son évaporation et d’en réduire son gaspillage, explique Thierry Rosay. Pour moi, c’est une technique d’avenir, à condition que la disponibilité de la solution azotée perdure. Elle apporte une meilleure efficience de l’azote, avec des enjeux économiques importants. Elle répond aux objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement et aux contraintes réglementaires des zones vulnérables. »
