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Hero Crops – suivi d’itinéraire innovant

Il sème ses orges de printemps en octobre pour augmenter son potentiel de rendement

Publié le 23/04/2020 - 09:45

En 2018, Nicolas Varney, exploitant de l’EARL de l’Orme en Haute-Marne, sème de l’orge de printemps le 15 octobre dans une de ses plus mauvaises parcelles. Le rendement a été de 9,4 q/ha, supérieur à la même variété semée au printemps. C’est pourquoi il continue l’expérience.

Parcelle d’orge de printemps semée le 24 octobre 2019. Crédit photo : Arnaud Amary

Avant de s’intéresser à cette technique, Nicolas Varney semait ses orges en semis direct vers la mi-mars. L’absence de préparation de sol retardant son réchauffement, la levée était hétérogène, la culture manquait de vigueur et les rendements étaient moyens. «Suite à ce constat, je revois ma façon de cultiver les cultures de printemps. Tout d’abord, retravailler les sols, même de façon superficielle par un passage de chisel l’hiver, puis un coup de vibro juste avant le semis pour réchauffer le sol et le faire minéraliser», explique Nicolas Varney.

« Je me suis alors vite penché sur le semis d’automne afin d'allonger le cycle de l’orge de printemps pour améliorer son potentiel en terres superficielles tout en réduisant la pression en mauvaises herbes grâce au décalage de la date de semis. Je choisis des variétés type Planet, peu sensibles au gel. Je suis conscient que cette technique est risquée mais, même si elle ne fonctionne que trois fois sur quatre, elle reste pour moi économiquement intéressante », précise Nicolas Varney très motivé.

Cette technique fonctionne mais les conditions hivernales peuvent parfois lui jouer des tours. «Selon l’exposition de la parcelle, j’ai toujours des doutes sur la résistance au gel de l’orge de printemps et aussi quant aux risques de phytotoxicité du désherbage», explique l’agriculteur.

L’expérience de la récolte 2019 a été encourageante pour lui. «J’ai produit 9,4 quintaux supplémentaires par hectare grâce à un semis d’automne. J’ai augmenté mon chiffre d’affaires de 160 euros par hectare pour une conduite identique à un semis de printemps. Alors pourquoi ne pas poursuivre l’expérience ?».

 

Itinéraire cultural de l'orge de printemps au fil de la campagne 2019/2020

 

Le 09/07/2019 : récolte de l’orge de printemps dans une parcelle de 4 ha en sol argilo-calcaire superficiel pour un rendement moyen de 56 q/ha.

Le 26/07/2019 : épandage de 80 kg/ha d’engrais minéral DAP 18-46-00 en localisé lors du semis direct du colza (densité de 3 kg/ha) sous couvert de féveroles (50 kg/ha), de lentilles (10 kg/ha) et de sarrasin (3 kg/ha). Le colza associé est intéressant sur l’exploitation pour apporter des légumineuses dans la rotation et limiter les herbicides. Sur la parcelle, seules les plantes compagnes se sont assez bien développées. Le colza n’a levé qu’à 10%. Après enquête, il s’avère que la semence de ferme utilisée pour le semis était plus ancienne que ne le pensait l’exploitant.

Le 23/10/2019 : destruction du colza à l’aide de 2 l/ha de Typhon (glyphosate à 486 g/l). Les conditions de sécheresse de l’été sont récurrentes sur la région, limitant régulièrement le développement des couverts mais également des colzas.

 

Orge dans résidus de paille. Crédit Photo Nicolas Varnay
Le 24/10/2019 : semis de l’orge de printemps à l’aide d’un semoir à dents construit par l’agriculteur sur la base d’un déchaumeur Vibroflex. La variété semée est de la RGT Planet, semence de ferme traitée avec du Rancona Synergy à 0,11 l/quintal. La densité de semis est de 330 grains/m² (même densité que pour un semis de printemps), écartement entre rangs de 22,5 cm, profondeur moyenne de 3 cm. Seuls 4,5 ha ont pu être semés sur les 30 ha prévus cet automne à cause de la pluie et des conditions de sol. Plus de 60 mm de pluie sont tombés sitôt le semis.

 

Le 30/11/2019 : l’orge de printemps est au stade 2 feuilles.

 

Le 10/02/2020 : épandage de 120 kg/ha d’urée 46, soit 55 unités/ha d’azote, sur un sol humide et une orge au stade mi-tallage. Depuis le semis, la parcelle a reçu 370 mm de pluie.

 

Le 03/03/2020 : apport de 100 kg/ha d’urée 46 pour une dose d’azote de 46 unités/ha. Il est tombé 12 mm de pluie de puis la dernière intervention, l’humidité du sol est encore bonne et la céréale au stade tallage.

 

Le 04/03/2020 : fertilisation avec 100 kg/ha de sulfate d’ammonium alors qu’il a plu 3 mm durant la nuit, ce qui représente un apport de 21 u/ha d’azote et 57 u/ha de soufre.

 

L'orge de printemps souffre de la sécheresse de ce printemps 2020. Crédit Photo : Nicolas Varnay

Le 20/04/2020 : l’orge de printemps est au stade dernière feuille pointante. L’absence de pluie et le vent ont fortement desséché la parcelle. L’orge commence à souffrir du sec. Le salissement est faible et se résume à quelques vulpins. La pression rhyncosporiose est également faible et réduite aux feuilles du bas de la végétation. La culture est hétérogène et clairsemée dans la parcelle.

 

Le 02/05/2020 : Intervention fongicide avec 0,2 l/ha de Comet et 0,3l/ha de Librax dans de bonnes conditions d'hygrométrie pour un volume de bouillie de 40 l/ha à une vitesse de 16 km/h. Si l'agriculteur n'observe pas de maladie sur la culture en fin d'épiaison, il réalise cette intervention préventivement pour conserver le potentiel de l'orge de printemps. La parcelle a reçu 85 mm d'eau depuis la dernière observation.

 

Le 15/05/2020 : Avec 85 mm supplémentaires depuis l'interventio

Orge de printemps semée à l'automne en fin d'épiaison. Crédit Photo : Nicolas Varney
n fongicide, "la pluie redonne un peu d'allure à la parcelle mais je ne me fais pas d'illusion, les talles perdues durant la sécheresse d'avril entament sérieusement le potentiel de l'orge", note Nicolas Varney. D'autant que la culture est assez hétérogène dans la parcelle même si elle semble saine. Seuls quelques vulpins ternissent la situation sanitaire de la culture.

 

Le 28/05/2020 : "Visuellement, suite aux pluies et à

Orge de printemps au stade remplissage des grains. Crédit photo : Nicolas Varney
la chaleur, la parcelle semble s'être améliorée", note l'agriculteur alors que l'orge de printemps est au stade remplissage des grains et quelques grains sont légèrement pateux. La pression rhynchosporiose est faible et seulement quelques folles avoines dépassent de la culture.

 

 

Le 15/06/2020

Epis d'orge de printemps arrivant à maturité hétérogène.
: L'orge de printemps a reçu 44 mm d'eau depuis début juin. Les talles secondaires qui ont souffert du sec en avril se sont alors développées mais elles ont un décalage de stade par rapport au maître brin. La maturité est de fait hétérogène : certains grains sont laiteux et d'autres pâteux. Il subsiste quelques graminées adventices dans la parcelles sans évolution notable du salissement.

 

 

Le 13/07/2020 : Récolte de la parcelle d’orge de printemps dont le rendement s’élève à 37 q/ha. Ces résultats sont insuffisants pour l'agriculteur, même si les qualités technologiques sont plutôt favorables avec un taux de protéines de 10,5 % et un calibrage de 80 %, contre 10,2 % de protéines et un calibrage de 90 % dans les orges semées au printemps. Les orges de printemps semées fin février ont produit 50 q/ha tandis que celles de fin mars obtiennent un rendement entre 25 et 35 q/ha. Cependant, la technique de semis à l'automne permet de gérer les flores adventices. "L’unique intervention herbicide a été très efficace", note l'agriculteur.

 

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