Il associe du lotier au colza en vue d'une couverture permanente du sol

Sur son exploitation, Arnaud Amary cultive du colza associé depuis plus de dix ans. Cette année, il lui a associé du lotier. N’étant pas certain de la levée du lotier à cause de la sécheresse, il a préféré décaler son semis pour le faire dans de meilleures conditions. Deux mois plus tard, du lotier a bel et bien été semé dans le colza à 6 feuilles !

Colza au printemps. Crédit photo : Arnaud Amary

«Dans nos terres, la minéralisation de l’azote est faible. Intégrer des légumineuses dans le colza pour valoriser l’azote dans les parcelles me semble indispensable, note Arnaud Amary, gérant de la SCEA de la Beauce. Avec Gilles Sauzet, technicien chez Terres Inovia, j’ai mené des essais en bande avec et sans légumineuse. L’association des cultures nous a permis de constater une croissance plus dynamique du colza, une meilleure aération du sol suivie d’une minéralisation de l’azote plus efficace.» 

Pour limiter le risque d’aphanomycès, Arnaud ne sème plus de colza en association avec des lentilles. Il a testé d’autres espèces mais c’est la féverole qui reste pour lui la technique la plus simple. «Je la sème à l’épandeur à engrais avant le semis du colza. Cette opération me coûte 20 euros/ha (semence, tracteur, semoir et main-d’œuvre compris). Cette technique m’apporte un gain de rendement de 2 q/ha sur mon colza. Par l’association de deux cultures, on recherche à rendre le colza plus robuste et donc moins sensible aux insectes. Le colza associé m’a permis de passer de trois insecticides à un seul et de réduire de 50% mes coûts de désherbage», précise l’agriculteur.

 

Le lotier pour réaliser du semis sous couverture vivante permanente

Au fur et à mesure des années, les exploitants de la région sont passés de 15% de réussite de leur colza à 75% (colza associé ou pas). Ceci s’explique sur la réactivité dans la réalisation des semis. Les meilleures dates observées depuis 2015 se situent entre le 7 et le 15 août dans le secteur, quelques jours plus tôt qu’auparavant. «L’humidité présente dans le sol au moment du semis est primordiale pour favoriser une levée rapide. Ce changement de stratégie sur la date de semis permet en colza associé des gains de rendement de 2 à 3 q/ha, ce qui correspond à 6 voire 7 quintaux supplémentaires par ha par rapport aux moyennes départementales», souligne Arnaud.

En plus de la féverole, Arnaud Amary sème cette année du lotier en association avec le colza. «Le lotier est une plante qui se ressème toute seule. Une fois arrivées à maturité, les gousses tombent au sol. Les graines peuvent ainsi germer et recommencer un cycle de développement. C’est un des avantages de cette culture», précise Arnaud. En semant une plante pérenne dans son colza, Arnaud espère semer en direct les cultures suivantes de la rotation. Tout dépendra des adventices présentes dans sa parcelle, du développement du lotier et des conditions météo. Le semis du lotier en décalé reste une expérience innovante pour Arnaud qui espère bien en tirer de nombreux enseignements.

 

Itinéraire cultural du colza au cours de la campagne 2019/2020

 

Le 04/07/2019 : récolte du précédent orge d’hiver dans une parcelle de 10,5 ha en sol sableux. Le rendement atteint 70 q/ha.

 

Le 05/07/2019 et le 13/07/2019 : déchaumage avec un matériel à dents peu profond suivi d’un passage de rouleaux pour réaliser des faux semis. Ces interventions sont faites rapidement dans les premiers jours qui suivent la moisson pour profiter de l'humidité résiduelle et favoriser la levée des adventices et des repousses.

 

Le 12/07/19 : épandage de 2,5 t/ha de compost de fientes de volaille.

 

Le 27/07/19 : destruction chimique des repousses d’orge à l’aide de 0,8 l/ha de Gallup super 360 (glyphosate à 485,8 g/l). 15 mm de pluie sont tombés le même jour. Les conditions poussantes ont favorisé l’efficacité de l’herbicide.

 

Le 08/08/19 : semis de la féverole d’hiver à l’aide d’un épandeur à engrais après une pluie de 20 mm la veille. La densité de semis est de 15 à 20 graines/m² pour un objectif de 12 pieds/m². Les semences sont produites sur l’exploitation.

 

Le 09/08/19 : semis du colza avec un semoir à dents Horsch Sprinter, écartement entre rangs de 17 cm, profondeur variable de 0,5 à 2 cm. La densité de semis est de 60 graines/m² (50% de semences de ferme variété Pamela et 50% de semences certifiées variété Architect) afin de pallier des pertes à la levée souvent proches de 50 voire 60% dans la région.

 

Le 28/08/19 : désherbage antigraminée avec 0,8 l/ha de Pilot adjuvanté de 0,5 l/ha d’huile Actirob pour détruire les repousses d’orge. Pas d’adventice graminée et dicotylédone visibles à cette date.

 

Colza bien développé à l'automne. Crédit photo : Arnaud Amary

Le 04/10/19 : semis du lotier (semence de ferme) au quad équipé d’un distributeur Delimbe à une densité de 8 kg/ha. Le colza est au stade 6 feuilles et la féverole entre le stade levée et 4 paires de feuilles. 75 mm de pluie sont tombés au mois de septembre permettant des conditions de levées favorables pour le lotier.

 

Le 25/11/2019 : réalisation de pesées affichant 2,5 kg/m² de colza et 0,4 kg/m² de féverole. En quatre mois, ces deux espèces ont profité de la météo (252 mm de pluie) laissant peu de place au lotier.

 

Le 30/12/2019 : Les résultats des tests Berlèse révèlent la présence de larves d’altises. En moyenne 0,8 larve par pied de colza.

 

Le 11/02/2020 : première fertilisation du colza à raison de 113 l/ha de solution azotée soufrée 38-14 soit un apport de 43 unités/ha d’azote et de 16 unités/ha de soufre.

 

Le 21/02/2020 : intervention insecticide contre le charançon du bourgeon terminal avec 0,075 l/ha de Karaté Zéon suite aux captures avec une cuvette jaune. Arnaud Amary profite de ce passage pour y ajouter 1,3 l/ha d’Unibore (150 g/l de bore élément). «Le colza n’est pas carencé en bore. J’en apporte pour compenser les exportations du colza et pour en faire profiter les cultures à venir.»

 

Le 24/02/2020 : seconde fertilisation par un apport de 78 unités d’azote et 29 unités de soufre par hectare, soit 206 l/ha de solution azotée soufrée 38-14. Depuis début décembre, les précipitations s’élèvent à 216 mm.

 

Le 03/03/2020 : le colza est au stade BBCH 59 à 61 (montaison à premières fleurs). La féverole est toujours présente et reste au stade plantule avec une biomasse insignifiante. Quant au lotier, il connaît quelques difficultés à se développer. Arnaud Amary constate : «Ce n’est pas la pluviométrie depuis le semis qui est un frein à la croissance du lotier mais plutôt la biomasse du colza et de la féverole.» La parcelle reste propre malgré quelques ronds d’érodiums.

 

Le 05/03/2020 : intervention fongicide au stade montaison avec Horizon (250g tébuconazole) à 0,4 l/ha. Si quelques taches de cylindrosporiose peu inquiétantes sont observées, l'objectif est de préserver le plus longtemps possible les feuilles du colza vertes.

Le 10/03/2020 : comptages pour évaluer la pression des larves d'altises et de charançons du bourgeon terminal. 98% des pieds sont sains. Ceci s'explique par des gros colzas en entrée d'hiver (2kg/m²).

Le 18/03/2020 : la culture est au stade floraison et homogène dans la parcelle. Il n'y a pas d'insecte et seulement quelques tâches de cylindrosporiose.

Le 15/04/2020 : intervention fongicide avec Pictor Pro (boscalid) à 0,4 l/ha contre sclérotinia au moment de la chute des premiers pétales.

Colza au stade défloraison
Le 18/04/2020 : la parcelle a reçu 38 mm de pluie. La pluie a participé à défleurir le colza à 80%. Seules les hampes secondaires basses et tertiaires sont encore à floraison ce qui laisse espérer de nouvelles siliques et donc un bon potentiel de rendement. Le colza pèse entre 5,2 et 5,3 kg/m². Dans ce type de sols sableux, il faut à ce stade (apparition des premières siliques) une pesée de 4kg/m² au minimum pour espérer un potentiel de 35 q/ha. Les feuilles du colza sont encore bien vertes, ce qui est un bon indicateur de croissance et de bonne alimentation azotée. De par la bonne croissance du colza, les adventices sont limitées. Il en est de même du lotier qui malheureusement reste au stade plantule. «Il est dans l'ombre depuis début octobre», selon Gilles Sauzet, assez sceptique sur sa survie.

 

Le 07/05/2020 : Pulvérisation fongicide à 40 l/ha avec 0,3 l/ha de Mystic extra (Tébucnazole). 

 

Le 29/05/2020 : Le colza compte 7 500 siliques/m2, ce qui au

Colza au 1er juin
gure un très beau potentiel. Le lotier de son côté reste très discret. Depuis la floraison, le colza a encore gagné 0,7 kg/m². Il possède encore des feuilles et des siliques vertes et saines, bons signes de croissance. Au stade G4, il arbore entre 6 et 6,5 kg/m² de matière verte. Hormis quelques tâches de cylindrosporiose et de micospharella, la parcelle est saine. 

 

Le 15/06/2020 : La parcelle de colza a reçu 35 mm de pluie depuis le début du

Pieds de colza sains juste avant récolte. Crédit photo : Arnaud Amary
mois de juin. Les siliques sont saines, 90 à 95 % des pieds sont verts et sains et les grains sont colorés. La récolte n'est pas prévue avant le 25 juin. "Les dernières feuilles actives ont disparu au début du mois de juin, note l'agriculteur. Ce qui a favorisé un bon fonctionnement de la plante jusqu'à ce que les siliques soient devenues complètement autotrophes. Le colza est robuste et toujours en situation de croissance." Arnaud Amary est optimisme et impatient de connaître le rendement !

 

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