Et si les stratégies de fertilisation devaient être remises en cause par les couverts ?

L’expérimentation a l’avantage de ne pas être contrainte au même cadre réglementaire que la production. Une différence qui donne la possibilité de tester des pratiques de demain peut-être. La coopérative Vivescia se donne ainsi le droit dans ses essais d’épandre 50 kg/ha d’azote de plus sur blé pour en déterminer l’intérêt à l’échelle de la rotation. Les premiers résultats sont plutôt prometteurs.

Et si sur-fertiliser les blés de 50 kg/ha d’azote n'était pas une aberration agronomique et environnementale ? C’est une des questions que se posent les experts innovation agronomie environnement de la coopérative Vivescia. Et c’est à ce titre qu’ils ont engagé une expérimentation en ce sens sur le site de Terralab, à quelques kilomètres au nord-est de Reims. Philippe Gerard, l’un des experts innovation agronomie environnement de la coopérative, a présenté les premiers résultats de cette expérimention le 5 mars 2019 lors du premier bilan des travaux agronomiques piloté par Terrasolis sur le site de Terralab : « Notre objectif est de valider – ou d’infirmer – sur une rotation de cinq années que sur-fertiliser un blé de 50 kgN/ha permet d’améliorer la teneur en protéines et le rendement de la culture puis potentiellement le rendement des autres cultures de la rotation. » Aussi l’expérimentation en cours compare-t-elle un système de référence “fertilisation minérale azotée optimisée” au même système majoré de 50 kgN/ha donc. Si la conduite du système est prévue sur cinq années, il faut savoir qu’elle a débuté en automne 2016 avec le semis du blé.

Rendement du blé et du couvert suivant significativement supérieurs

La récolte de l’été 2017 a permis de mettre en évidence qu’une sur-fertilisation de 50 kgN/ha – soit 260 kgN/ha contre 210 kgN/ha – a généré un rendement supérieur de 4,9 q/ha et un taux de protéines supérieur également de 0,4 point. L’implantation d’un couvert végétal (moutarde + vesce) juste après la moisson a également donné à voir une différence de biomasse importante. Après le blé fertilisé avec la dose de référence optimisée, le couvert végétal a produit une biomasse de 3 tMS/ha et a absorbé 70 kg/ha d’azote. Après le blé sur-fertilisé, le couvert végétal a affiché une biomasse de 5 tMS/ha soit 110 kgN/ha absorbé. La mesure du reliquat azoté dans les deux modalités à différentes dates met bien en évidence le travail du couvert végétal. Le 25 juillet 2017, juste après la récolte du blé, le reliquat azoté pour la modalité de référence affichait 100 kgN/ha alors qu’il était de 140 kgN/ha pour la modalité sur-fertilisée. Le 21 novembre 2017, le reliquat azoté (à 90 cm) des deux modalités est identique avec 100 kgN/ha. Pour la modalité de référence, il chute à un peu moins de 40 kgN/ha lors du semis de l’orge de printemps le 22 février 2018 alors qu’il dépasse les 70 kgN/ha dans la modalité sur-fertilisée. L’équipe agronomique de Vivescia explique ce différentiel par le relargage de l’azote des couverts végétaux dans la modalité sur-fertilisée. D’autant plus que le reliquat azoté au moment de la récolte de l’orge de printemps redevient identique dans les deux modalités avec 60 kgN/ha.

Une économie d’azote sur l’orge de printemps qui suit

Un élément important pour comprendre l’évolution de cette courbe de reliquat azoté : l’orge de printemps de la modalité sur-fertilisée en blé a reçu 40 kgN/ha d’azote de moins que la modalité de référence. Soit 140 kgN/ha contre 180 kgN/ha. Une conduite qui s’est traduite par un rendement de l’orge de printemps légèrement supérieur dans la modalité “blé sur-fertilisé”, sans être pour autant significativement différent, et par un taux de protéines inférieur.

Des premiers résultats qui donnent donc la possibilité aux experts innovation agronomie environnement de Vivescia de conclure que la sur-fertilisation du blé évite de limiter le potentiel de rendement et la teneur en protéines de la culture et qu'elle assure un meilleur développement des couverts végétaux qui suivent. Le tout offrant la possibilité d’économiser de l’azote sur la culture suivante. Ces premiers résultats méritent d’être confirmés avant d’oser imaginer voir cette pratique devenir la norme…

© Pixagri

 

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