Des sols moins favorables que d’autres à l’orobanche rameuse du colza 

Certains sols "compatibles" favorisaient le développement de la plante parasite, et des sols "suppressifs" réduisaient sa présence. Crédit: Pixel6tm

Les communautés microbiennes des sols peuvent favoriser la germination de l’orobanche rameuse ou au contraire freiner son développement. C’est la conclusion de tests réalisés par Lisa Martinez dans le cadre de sa thèse consacrée à l’orobanche rameuse et à ses interactions avec les micro-organismes du sol. 

Alors qu’il n’existe aujourd’hui aucun levier physique ou chimique efficace pour éradiquer l’orobanche rameuse du colza, l’analyse microbienne des sols ouvre des perspectives encourageantes. Lisa Martinez, chercheuse à Nantes Université, a en effet montré que certains sols "compatibles" favorisaient le développement de la plante parasite et que des sols "suppressifs" réduisaient sa présence.

L'hypothèse de départ est née d’une observation: alors que des parcelles voisines sont soumises aux mêmes conditions climatiques et aux mêmes pratiques culturales, elles peuvent être différemment touchées par l’orobanche rameuse.  

Les tests réalisés en laboratoire sur les micro-organismes présents dans des sols "compatibles" ont permis d’identifier huit bactéries et trois champignons qui stimulent la germination et le développement du préhaustorium. C’est grâce à cet organe que l’orobanche peut se fixer aux racines du colza et lui "pomper" les nutriments et l’eau nécessaires à son développement. 

Retards de développement 

Pour ce qui est des sols "suppressifs", Lisa Martinez a constaté que la plante parasite y apparaissait, mais qu’au fil des semaines, elle présentait des retards de développement, des nécroses, et que l’accrochage aux racines du colza était moins dense.

Le séquençage de l’ADN des organismes présents dans ces sols a alors montré que les bactéries étaient similaires aux sols "compatibles", mais que la composition fongique différait à 60%. Quatre types d’aspergillus et trois modules de micro-organismes responsables de la disparition de l’orobanche ont ainsi été mis en évidence. La chercheuse a, par la suite, réussi à identifier deux souches de champignons causant la nécrose.

Loin d’avoir achevé ses recherches, Lisa Martinez, qui intervenait le 5 juin dans un webinaire organisé par Terres Inovia, a insisté sur la complexité des interactions entre les communautés microbiennes, l’orobanche rameuse et le colza. "On retrouve des activités compatibles et des activités suppressives dans un même sol", a-t-elle indiqué, précisant que des recherches étaient en cours pour caractériser le rôle des glucosinolates et des isothiocyanates, molécules présentes dans les sols.  

Des pistes d’actions à étudier 

La chercheuse a néanmoins évoqué quelques pistes ouvertes par ces résultats; le choix d’une variété de colza produisant moins de glucosinates ou l’utilisation de souches microbiennes suppressives par exemple. Mais aussi l’apport de fertilisants augmentant les souches suppressives et limitant les souches compatibles. Autant d'actions qui demandent à être étudiées scientifiquement avant d'être appliquées. 

D’ici là, les leviers déjà bien connus restent à l’ordre du jour, qu'il s'agisse du choix d’une variété de colza ayant un "bon" comportement face à l’orobanche rameuse, de l’allongement des rotations, de la culture de "faux hôtes", ou de la gestion des adventices et des mesures de prophylaxie comme le nettoyage des outils pour éviter de transporter des graines. Une tâche à ne pas négliger: les graines ont une viabilité d’au moins dix ans.

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