Des plantes bio-indicatrices pour mesurer la bonne santé des sols agricoles

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Souvent les plantes bio-indicatrices sont utilisées pour identifier une problématique technique dans une parcelle. Or, si cette science est capable de mettre en évidence des problèmes, elle est aussi en mesure de valider la bonne santé d’un sol. Gérard Ducerf fait un petit focus sur les plantes dont l'apparition dans une parcelle peut faire chaud au cœur du producteur.

« Un mètre carré d’orties dans un champ de 10 ha n’est sans doute pas un bon indicateur de l’état du sol de toute la parcelle, mais cela peut indiquer la présence d’une pièce de matériel agricole cassée dans le sol, révèle Gérard Ducerf, l’un des experts français des plantes bio-indicatrices. La répartition et la densité des espèces adventices dans une parcelle agricole sont essentielles pour déterminer en quoi elles sont indicatrices. » Le coefficient d’abondance qui s’échelonne de 1 à 5 (1 représentant un taux de couverture de moins de 25 % de la surface, 2 compris entre 25 et 50 %, 3 entre 50 et 75 %, 4 entre 75 et moins de 100 % et 5 pour une couverture totale) est l’indicateur retenu dans cet objectif. Il peut être appliqué à l’ensemble d’une parcelle ou à certaines zones de celle-ci, auquel cas les plantes adventices sont réparties par zone. Elles sont alors représentatives et bio-indicatrices de ces zones en particulier.

« La reproduction d’une plante ne débute pas lorsque le pollen féconde l’ovule et donne une graine, précise Gérard Ducerf. Elle commence au moment de la levée de dormance de la graine. Et cette levée de dormance, suivie par la germination de la graine, n’intervient que quand l’environnement est favorable à sa croissance. Et chaque plante a ses propres critères de levée de dormance. » Ainsi, chaque plante va être indicatrice d’un état du sol bien particulier.

Bien souvent, les plantes bio-indicatrices sont utilisées pour identifier une problématique de sol, mais pour une fois, Gérard Ducerf a voulu être positif lors de cette première édition des rencontres internationales de l’agriculture du vivant et mettre en avant les plantes bio-indicatrices d’un sol vivant ! Le plantain lancéolé est d’ailleurs la première plante qui apparaît quand l’asphyxie par compactage disparaît dans une parcelle et que la vie microbienne réapparaît.

 

Des preuves d’un sol en bonne santé…

« Dès lors que l’on parle du genre rumex, sa présence est souvent synonyme de problèmes, avoue Gérard Ducerf. Si c’est vrai pour 59 des 60 espèces que compte cette famille, il en est une qui indique un équilibre. D’où l’importance lors d’un diagnostic de mettre tout en œuvre pour identifier à coup sûr les plantes. La grande oseille, du genre rumex donc, est une plante qui augure de bonnes choses quand elle est présente dans une parcelle. » C’est une plante de très bonnes prairies assurant un fourrage de qualité et en quantité. Et ce qui est bon pour les animaux l’est souvent aussi pour le sol ! On pourrait alors imaginer user des tables de l’Inra pour construire les associations de couverts végétaux. La knautie des champs et la luzerne tachetée entrent dans la même catégorie que la grande oseille. À l’état sauvage, la luzerne tachetée apprécie les sols à pH légèrement basique (6,5 à 7,5). Mais indépendamment de cela, elle se plaît dans les sols riches en matières organiques stables. Elle est le signe d’une teneur en matières organiques stables très élevée. Au-delà, cela pourrait poser quelques soucis dans le fonctionnement du sol. Le lotier corniculé apprécie aussi les sols légèrement basiques et riches en humus. Sa présence est cependant signe d’un rapport C/N du sol équilibré et d’une vie biologique active ! Le mouron blanc fait aussi partie des rares plantes indicatrices d'équilibre et d'une bonne minéralisation du sol. Sa présence est synonyme d’un sol riche en matière organique d’origine végétale, avec une bonne vie microbienne qui permet une réorganisation de l’azote. La véronique à feuille de lierre est sans doute la meilleure plante indicatrice de la qualité d’un sol en culture. Sa présence est synonyme d’un sol riche en carbone. La véronique de Perse, de son côté, est un indicateur de la présence d’azote dans le sol. À elles deux, elles peuvent donner un ordre d’idée de la proportion d’azote et de carbone dans un sol. De même que le géranium colombin qui apprécie la matière organique stable avec un rapport C/N équilibré.

 

… et de quelques dérives à corriger

Au contraire, le géranium robert est signe d’une matière organique dure et nécessairement peu soluble. Sa présence significative sur une parcelle signifie que le sol est favorable au développement des champignons. Le salsifis des prés, à l’image du géranium robert, est un indicateur d’un rapport C/N aux alentours de 30. Il indique qui plus est un début d’asphyxie du sol. Parmi les plantes qui poussent dans des sols en bonne santé, mais que leur apparition doit inciter le producteur à une réflexion sur son système, Gérard Ducerf cite notamment « la fumeterre officinale qui se développe sur des sols qui sont proches de l’engorgement. Cette plante stimule l’activité biologique du sol, mais souligne que les pratiques actuelles sont à la dérive et qu’il va donc falloir repenser le système ».

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