C’est avant tout les couverts végétaux et principalement leurs racines qui stockent le carbone

La pratique des couverts végétaux en interculture est celle affichant le plus gros potentiel de performance de stockage additionnel de carbone dans les sols agricoles, devant l’agroforesterie. Photo : Pixe6TM
Les sols agricoles à l’échelle planétaire font partie des solutions principales pour juguler les émissions nettes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Mais stocker du carbone, c’est aussi rendre plus favorables les conditions de production des cultures des exploitations.

 

Au regard de l’objectif 4 pour 1000, l’Inra a livré une étude en cours d’année 2019 sur les pratiques stockantes de carbone en agriculture à l’échelle de la France. Parmi celles-ci, l’implantation de couverts végétaux en interculture est la pratique avec le plus de potentiel. Selon cette étude tablant sur un potentiel maximum de stockage additionnel de carbone à l’échelle nationale au travers d’une combinaison de pratiques stockantes, il est possible de stocker 8,43 MtC/an (31 Mt/an éq CO2) dans le sol agricole français. Les couverts végétaux d’interculture représentent à eux seuls près de 3,3 MtC/an, loin devant l’agroforesterie qui contribuerait à hauteur de 2 MtC/an. Les couverts végétaux sont donc le levier principal du stockage additionnel de carbone dans le sol agricole pour contribuer à atteindre la neutralité carbone à horizon 2050 comme voulu par le Gouvernement.

Les racines sont les plus efficaces pour stocker durablement du carbone

Si la quantité de biomasse restituée au sol est un facteur qui influence de manière importante la quantité de carbone additionnel stockée, toutes les matières n’ont pas le même rendement. Le rendement en carbone stocké dans le sol est plus élevé pour le carbone rhizodéposé, c’est-à-dire par le biais du système racinaire, que pour les résidus des parties aériennes. Il en va d’un facteur de 2,4, ce qui est loin d’être négligeable. Pour stocker assurément plus de carbone, il faut produire des racines à la fois profondes, d’une diversité de couverts et pérennes. Malgré le fait que l’essai de La Cage montre que sur les 5,5 tC/ha/an d’entrées de biomasses dans le sol, un peu moins de 2 tC/ha/an sont racinaires.

À lui seul le sol compense presque les émissions nettes annuelles

Claire Chenu, chercheure à l’Inrae en science du sol, biogéochimie et matières organiques, pose d’emblée la question du coût de telles pratiques stockantes de carbone additionnel dans les sols agricoles à l’échelle nationale. « Il est clair que le potentiel maximal de 8,43 Mt/an de carbone ne pourra être atteint sans un certain coût pour la société. En imaginant une valeur de la tonne équivalent CO2 à zéro euro, les projections donnent un stockage additionnel de seulement 0,66 MtC/an. Si le prix passe à 55 euros/t éq CO2, les prévisions affichent un potentiel de 4 MtC/an. Le stockage additionnel a un coût ! » La question est de savoir où va être placé le curseur.

Pour compenser les 4,7 Gt/an de carbone émises dans l’atmosphère à l’échelle planétaire, il faudra se tenir à l’initiative 4 pour 100, voire l’amplifier afin d’atténuer ces émissions nettes dans l’atmosphère. Atténuer seulement car en partant du postulat que l’initiative 4 pour 100 soit appliquée sur l’ensemble des sols agricoles, le stockage de carbone additionnel dans les soixante premiers centimètres du sol ne capterait « que » 3,4 GtC/an. « Une compensation presque totale des émissions nettes annuelles qui place le sol comme un facteur essentiel de l’équilibre du carbone pour la planète, souligne Claire Chenu. Le stockage de carbone étant très lent, il s’agit toutefois d’un travail sur une vie professionnelle entière ! »

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