Bousculer les raisonnements établis sur l’azote avec l’indice de nutrition azotée

Les fondements de la fertilisation comme nous les connaissons aujourd’hui sont remis en cause par les méthodes utilisant l’indice de nutrition azotée. Crédit: Pixel6tm.

Le PEI SolinAzo avait vocation à tester la faisabilité sur le terrain d’un pilotage de la fertilisation azotée bousculant les raisonnements établis jusqu’alors. Ceux-ci font directement référence à la méthode du bilan prévisionnel, bien connue, mais affichant un coefficient apparent d’utilisation de l’azote (CAU) faible. Ce qui implique donc des performances environnementales et techniques loin d’être à leur maximum.

De plus, il est régulièrement controversé, car la fixation de l’objectif de rendement n’est pas liée au potentiel de la parcelle, mais à la moyenne olympique des rendements… qui risque, certaines années, d’empêcher la réalisation du potentiel de la culture. Dès lors, le PEI SolinAzo s’est attaché à se détacher de cette méthode du bilan en analysant les résultats des méthodes Appi’N et CHN-Conduite.

Ne plus se baser sur un azote non limitant

La méthode du bilan est basée sur une fourniture non limitante de l’azote dans le sol pour la culture. Mais la culture doit-elle être toujours non carencée? En ce qui concerne le blé, l’Inrae a mis en évidence que toutes les carences ne sont pas préjudiciables. Fort de cet éclairage et de la mesure de l’indice de nutrition azotée (INN), la méthode Appi’N a été initiée. Elle permet le pilotage de la fertilisation azotée de la sortie d’hiver jusqu’à la floraison de la culture. Pierre Lebreton, ingénieur de recherche pour l’Inrae, avance "qu’il faut être en mesure d’accepter deux changements principaux pour adhérer à la méthode: accepter le jaunissement du blé à certains moments de son cycle, où il est en mesure de supporter une carence ; et accepter de retarder le 1er apport d’azote. En moyenne, avec Appi’N, le premier apport est retardé de 20 jours. L’écart de date oscille entre 0 et 50 jours…"

Au-delà du décalage de la date du premier apport, Appi’N permet une meilleure utilisation de l’azote par la culture, induisant un rendement similaire à la méthode du bilan avec une moindre utilisation d’azote. En moyenne, une économie significative de 16 kg/ha d’azote est obtenue pour un taux de protéines identique. Ces résultats engendrent une réduction des émissions de GES de 26 % par rapport à la méthode du bilan par une baisse de 627 kg/ha éqCO2. Appi’N est donc une méthode à fort potentiel dans le cadre des nouveaux marchés carbone se développant actuellement.

Certaines règles à ne surtout pas oublier avec l’INN

La méthode demande toutefois quelques points d’attention. Pour être mise en œuvre, elle a besoin d’un étalon surfertilisé au sein de chaque parcelle, où l’azote ne doit jamais faire défaut. "L’étalon doit être surfertilisé dès les premières semaines de janvier, avance Pierre Lebreton. Et cette surfertilisation doit être maintenue jusqu’à la fin du cycle de la culture. Un arrêt trop précoce peut engendrer un mauvais calcul de l’INN de la culture et donc fausser la préconisation."

Aussi faut-il s’astreindre à une mesure tous les quinze jours de la teneur en azote des plantes à l'aide de la pince N’Tester assez tôt en sortie d’hiver et sans arrêter ce suivi trop tôt en fin de cycle. Le suivi régulier permet de mesurer précisément la valeur de l’INN et ainsi d’anticiper le déclenchement des apports d’azote nécessaires, sans pour autant prendre le risque que les apports soient réalisés durant des périodes risquant une mauvaise valorisation de l’azote.

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