Binage et chimie pour un désherbage efficace du colza à un coût herbicide divisé par trois

La combinaison du binage et du désherbage localisé sur le rang en colza, Lilian Balanche teste cette technique depuis 10 ans sur l'exploitation. Il nous détaille son itinéraire pour la campagne 2017/2018. Une troisième publication présente les résultats agronomiques et économiques.

La parcelle de colza en désherbage mixte a été implantée après une orge d'hiver récoltée le 7 juillet 2017.

  • 9 juillet 2017: épandage de 2,5 t/ha d'un engrais organique 3,5-3-2. Il s'agit d'un mélange de fientes de volaille, lisier de porc et complément minéral. L'objectif de l'apport organique est d'obtenir un colza bien développé (forte biomasse et gros pivots) à l'automne pour limiter les problèmes de grosses altises et de charançon du bourgeon terminal.
  • 15 juillet 2017: deux passages de canadien à socs droits à 12-15 cm de profondeur ont été réalisés afin de mélanger les pailles au sol et d'enfouir le compost.
  • 16 juillet 2017: un passage de déchaumeur à disque Carrier est réalisé pour affiner et niveler le sol. Il est complété le 5 août 2017 par un passage de déchaumeur à pattes d'oies Kockerling pour détruire les repousses d'orge d'hiver. Le déchaumeur est équipé de dents espacées de 15 cm et de pattes d'oies larges de 20 cm afin d'assurer un bon recroisement et donc un scalpage complet des repousses.
  • 10 août 2017: un passage de rotative permet de préparer le lit de semence.
  • Le 21 août 2017, le colza est semé à 35 grains/m2  quelques jours après la pluie (17/08/2017). Il s'agit d'un mélange de variétés hybrides et de lignées : 25% de Diffusion, 25% d'Essentiel et 50% de Mambo. Le rang est traité simultanément avec Colzamid (0,6 l/ha) et Springbok (0,8 l/ha) puis Noval (0,3 l/ha). « Le système de traitement sur le rang ne peut pas être utilisé en post semis. Il faudrait pour cela une rampe montée sur un translateur guidé par caméra. Le système RTK n'est pas assez précis en dévers pour de telles opérations », rappelle Lilian Balanche.
  • Le 1 septembre 2017, la levée est homogène. Le 19 septembre, le colza est au stade 4 à 6 feuilles. Il n'a pas encore pu être biné en raison de conditions assez pluvieuses du mois de septembre et de télescopage avec les chantiers de semis en octobre. Concernant le binage, Lilian Blanche précise que « l'on n'y pense jamais, mais les pointes ne peuvent pas être binées. Elles sont donc traitées en plein avec un pulvérisateur de 6 m de large. Les rangs de colza sont donc sur traités dans les pointes ». L'agriculteur n'a pas observé de phytotoxicité sur ces zones.

Avec des mois de septembre et de mars pluvieux et un manque de main d'œuvre en d'octobre, les créneaux d'intervention pour le binage ont été restreints.

  • Aucune intervention de désherbage mécanique n'a été réalisée à l'automne. Lilian Balanche explique que « c'est la première fois en dix ans que nous n'arrivons pas à biner avant l'hiver. Il aurait été possible d'intervenir en bonnes conditions le 20 octobre mais nous avions un problème de disponibilité de main-d'œuvre. En effet, nous avons introduit le chanvre dans la rotation cette année et le chantier de récolte de la paille est rentré en conflit avec les autres interventions. Il sera nécessaire d'augmenter la main d'œuvre sur cette période à l'avenir. »
  • Le 12 décembre 2018: désherbage chimique en plein avec 1,8 l/ha de Kerb Flo à 80l/ha pour détruire les vulpins. L'agriculteur rappelle l'importance de l'intervention : « L'antigraminée en plein est systématiquement réalisé. La bineuse a une bonne efficacité sur les dicotylédones, mais une efficacité limitée sur graminées. Pour qu'elle les détruise, il faut des conditions idéales que l'on a rarement à l'automne, sinon elles repiquent ».
  • Le 14 février 2018: fertilisation avec 300 kg/ha de sulfonitrate à 26 % d'azote et 32,5 % de soufre. Le deuxième apport est réalisé le 23 mars 2018 avec 125 unités d'azote par hectare sous forme de solution azotée à 39%.
  • Le 23 mars 2018: binage dans des conditions tout juste ressuyées en raison d'un mois de mars pluvieux et sur des adventices développées. Intervention à 4 km/h avec des socs patte d'oies et dents semi flexibles.
  • Le 20 avril 2018: intervention contre les méligèthes avec 0,2 l/ha de Mavrik Flo à 150 l/ha sur une partie de la sole enclavée dans les bois.
  • Le 25 avril 2018: intervention fongicide en pleine floraison avec 0,25 kg/ha de Pictor Pro et 0,4 l/ha de Caramba Star à 80 l/ha. Lilian Balanche ajoute : « Tous les traitements sont réalisés à l'eau de pluie en conditions optimales, souvent le matin entre 3 h et 9 h. Nous n'utilisons pas d'adjuvant, car nous pensons qu'ils ne sont pas utiles en bonnes conditions d'application ».
  • Le 27 avril 2018, quelques matricaires, géraniums et gaillets persistent dans l'inter rang, au contraire du rang qui est plutôt propre.

Malgré des conditions difficiles de binage au printemps et un enherbement un peu plus important qu’à l’habitude, ce sont finalement les grosses altises qui ont affecté le plus lourdement le potentiel de rendement de la parcelle.

  • Suite à l’intervention insecticide avec Mavrik flo du 20 avril 2018, les observations font état de dégâts importants sur la faune auxiliaire, en particulier sur les syrphes. L’agriculteur est peu favorable pour cette raison à réitérer ce type de traitement les années suivantes.
  • Après avoir débuté vers le 25 avril, la floraison se termine vers le 5 mai. Elle n’a pas été bonne en raison d’une forte pluviométrie sur cette période. Lilian Blanche précise d’ailleurs : « Je m’aperçois que le traitement fongicide a été fait un peu tard car la période de floraison était brève et c’était difficile de positionner correctement le premier fongicide. Mais je pense que cela aura peu d’impact sur le rendement »
  • L’observation du 26 juin des pieds de colza, juste avant la récolte, indique des dégâts importants occasionnés par les grosses altises. Lilian Blanche détaille à ce sujet : « les larves de grosses altises ont touché quasiment 100 % des pieds, ce qui aura sans aucun doute une conséquence sur le potentiel de la culture. Je n’ai pas fait d’insecticide à l’automne car dans nos secteurs il y a une forme de résistance a des insecticides comme le Patton et le Boravi wg. Ce n’est pas avéré scientifiquement mais c’est un fait que l’on constate sur le terrain »
  • Le 5 juillet 2018: récolte de la parcelle. Le rendement est de 31 q/ha dans une parcelle qui a un potentiel de 40 q/ha dans les bonnes années. L’agriculteur est un peu déçu du rendement : « En sortie d’hiver le colza était magnifique avec 1,5 kg de matière verte par mètre carré Je pensais que les larves de grosses altises n’allaient pas pouvoir migrer vers le cœur. Si on avait eu un vrai hiver, les colzas auraient perdus les feuilles avec les larves dedans et le potentiel de rendement aurait pu être atteint. Au lieu de cela on a eu un épisode de gel fin février qui n’a pu qu’amplifier les dégâts de l’insecte même si on ne peut pas mesurer précisément l’incidence de cette séquence climatique »

 

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