Bien supplémenter en soufre pour performer en céréales

L’azote et le soufre sont dépendants l’un de l’autre dans le métabolisme de la plante: pour valoriser l’azote, un équilibre est nécessaire. Il faut compter environ 1 unité de soufre pour 10 unités d’azote pour les céréales. Crédit photo : M. Lecourtier /

Le soufre est un macro-élément indispensable à la productivité et à la qualité des cultures. Il entre dans la composition de trois acides aminés essentiels (méthionine, cystéine et homocystéine) et favorise le processus de fixation symbiotique qui permet aux légumineuses de capter l’azote de l’air. C’est un élément sur lequel il faut particulièrement porter son attention pour améliorer la performance du système de cultures et notamment valoriser au mieux l’azote dans le contexte actuel des prix des engrais. 

Une bonne supplémentation en soufre est nécessaire pour valoriser l’azote

Jusqu’aux années 1990, les besoins en soufre des cultures étaient comblés par les dépôts atmosphériques dus à la pollution de l’air et aux phénomènes de pluies acides. L’épuration des fumées a, depuis, fait retomber le taux de soufre dans l’atmosphère à des niveaux qui ne couvrent plus ces besoins. Une bonne supplémentation en soufre est donc nécessaire pour performer en grandes cultures.

L’azote et le soufre sont dépendants l’un de l’autre dans le métabolisme de la plante: pour valoriser l’azote, un équilibre est nécessaire. On compte environ 1 unité de soufre pour 5 unités d’azote pour les crucifères, 1 pour 8 pour les légumineuses et 1 pour 10 pour les céréales. À noter que, par le jeu des poids moléculaires, 1 unité de soufre est équivalente à 3 unités de sulfates (SO4) ou 2,5 sulfites (SO3), les besoins des cultures étant généralement exprimés en équivalent SO3. Ainsi, pour des céréales, un besoin de 200 unités d’azote correspond à 20 unités de soufre ou 60 unités équivalent sulfate. Les besoins dépendent du type de culture. Ils sont de l’ordre de 75 unités/ha/an en colza et 40 unités/ha/an en blé en équivalent sulfate.

Adapter la forme d’apport au besoin local

Trois formes principales d’engrais soufrés existent sur le marché: le sulfate (SO42-), le thiosulfate (S2O32-) et le soufre élémentaire (S). Les cultures assimilent le soufre uniquement sous forme d'ion sulfate (SO42-). Celui-ci, chargé négativement, ne peut être retenu par le complexe argilo-humique en cas de forte pluviométrie hivernale. Le thiosulfate et le soufre élémentaire, quant à eux, nécessitent une oxydation par l’activité microbienne du sol pour être assimilables par les plantes.

Plus de 90% du soufre du sol se trouve sous des formes organiques et n’est donc pas directement assimilable par les racines. Il le devient par le processus de minéralisation. Les besoins en soufre ayant lieu après la montaison, un décalage peut se créer entre la disponibilité du soufre dans le sol et les besoins des cultures en fonction des conditions climatiques au printemps. 

Il peut donc être judicieux d’apporter une fertilisation soufrée à la sortie de l’hiver et avant le stade épi 1 cm pour combler ce manque de fourniture par le sol, en particulier sur les sols de craie, argilo-calcaires superficiels et sableux ou sablo-limoneux superficiels.

Le soufre élémentaire : une "fertilisation" de fond

L'utilisation du soufre élémentaire doit se réfléchir selon le principe d'un amendement, c’est-à-dire d'un apport dans le but de combler les besoins des cultures sur le long terme.

L’intérêt de cette forme soufrée est qu’elle apporte une "fertilisation" de fond. En cas de déséquilibre dans les ratios du sol entre le carbone, l’azote et le soufre, les micro-organismes prélèvent dans ce soufre élémentaire. Un apport de soufre élémentaire est donc un moyen de conserver sa matière organique. De plus, la diminution du pH constatée à proximité du soufre élémentaire permet de mettre en solution du phosphore bloqué en lien avec le pH et les carbonates du sol. De par son faible coût à l'hectare (environ 10 € pour 20 kg) et son utilité multiple (nutrition-préservation MO), utiliser du soufre élémentaire en sol alcalin peut-être judicieux.

Son apport est préférable dans la ligne de semis au plus près des racines  (15-30 kg/ha) couplé avec un engrais starter N-P. En effet, si l'activité biologique le transforme, il y a une acidification locale auprès des racines qui permet notamment de solubiliser des éléments minéraux qui auraient pu être bloqués. Il est peu judicieux de l'apporter en végétation, car il serait en surface, ce qui compliquerait l’oxydation par l'activité biologique.

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