Le programme Soil Capital Carbon souffle sa première bougie. C’est donc le moment choisi par Soil Capital, l’entreprise initiatrice, pour réaliser un premier bilan. Alors que Soil Capital s’était donné pour objectif d’accueillir 150 adhérents, près de 800 agriculteurs se sont dits intéressés. Pour les heureux élus, et plus particulièrement les agriculteurs stockeurs net, cette première année représente près de 15 000 tCO2éq stockés. Soit l’équivalent des émissions de près de 1 350 français.
Plus largement, les 150 agriculteurs ayant intégré le programme en 2020 représentent une surface totale de 35 000 ha et possèdent des profils variés tant par leur système de production que par les cultures produites. Un peu plus de la moitié des agriculteurs sont émetteurs nets de carbone en intégrant le programme.
La plupart émettent entre 0 et 2 tCO2éq/ha. Un peu moins de la moitié, donc, sont stockeurs net avec un stockage moyen compris entre 0 et 3 tCO2éq/ha. "Quelques champions stockent 5, 6, 7 voire 8 ou 9 tCO2éq/ha, note Nicolas Verschueren, cofondateur de Soil Capital. Nous comptons nous appuyer sur eux pour accompagner les autres agriculteurs vers un stockage plus efficace du carbone."
Pas de profils stockeurs et d’autres émetteurs
Cette première année a permis à Soil Capital d’identifier les pratiques déterminantes dans le résultat du bilan carbone des fermes. Et en premier lieu, c’est bien la fertilisation qui pèse le plus. Remplacer les engrais minéraux par des intrants organiques est un levier très important. L’agriculteur fortement dépendant des engrais minéraux est vite pénalisé sur son approche carbone. À l’opposé, le recours aux amendements organiques est un avantage. Ensuite, la maximisation de la couverture du sol, la diversification des rotations avec introduction de légumineuses, la moindre perturbation du sol et l’intégration de l’agroforesterie font partie des leviers les plus marquants.
"Si l’agriculture de conservation des sols est plus favorable au stockage de carbone que les TCS qui sont elles-mêmes meilleures que le labour en moyenne, notons tout de même que 17 % d’agriculteurs laboureurs sont également stockeurs nets de carbone", avancent les gérants de Soil Capital. Et c’est peut-être là l’enseignement principal de cette première année : "Il n’existe pas de solution unique pour stocker du carbone. Chaque agriculteur doit être libre d’actionner les leviers qui lui conviennent, poursuit le cofondateur. Des changements de pratiques simples peuvent aller dans le bon sens. Et même les cultures industrielles peuvent séquestrer du carbone… Il ressort également que toutes les cultures sont susceptibles de stocker au moins 2 t/ha de carbone."
Un potentiel de rémunération pour tous les profils
Que l’agriculteur soit stockeur ou émetteur lors du diagnostic de référence, il peut bénéficier d’une rémunération. Dans le premier cas, il sera rémunéré sur toute réduction d’émission équivalent CO2 durant les cinq années qui suivent par rapport à sa référence propre en année 0.
Sous réserve d’une transition vers des pratiques en faveur de moindres émissions et de stockage de carbone, il peut espérer une rémunération de l’ordre 2 600 euros/an selon les chiffres réels de la première année du programme ramenés à une structure de 200 ha.
Dans le second cas, un agriculteur stockeur net sera rémunéré par rapport à la référence régionale. La méthodologie s’appuie sur une référence identique pour toute la France : + 250 kgCO2éq par hectare. Cette valeur représente la quantité moyenne de carbone qui serait libérée du sol par an si une ferme régénérative revenait aux pratiques courantes. Ramené à une structure de 200 ha, cela peut s’élever à 4 600 euros/an.
Simone pour une première approche du carbone
Fort de cette première année d’expérience et de l’enthousiasme qu’a suscité le programme, Soil Capital a levé 2 millions d’euros afin de répondre à la demande et envisage l’adhésion de 1 000 agriculteurs pour cette deuxième saison dont les inscriptions se clôturent à la fin du mois de février 2022.
Et pour les agriculteurs qui souhaitent s’informer rapidement de l’intérêt pour leur ferme de se lancer dans un tel programme, Soil Capital annonce "le lancement de Simone, son outil de simulation d’empreinte carbone, disponible gratuitement après la création d’un compte mySoilCapital. Cette solution permet aux agriculteurs de simuler leur impact environnemental et de mieux estimer les itinéraires techniques à mettre en place pour émettre moins de carbone ou en séquestrer davantage", avant d’envisager se lancer dans le diagnostic de référence.