Variétés tolérantes et diversification des rotations contre les sécheresses

Pour limiter les impacts de la sécheresse sur les productions, le levier variétal et la diversification des rotations sont des pistes explorées. Crédit : Onur/Adobe Stock

Dans le monde, et particulièrement en France, la sécheresse est la première cause d’accidents de rendement. Les prédictions des modèles climatiques montrent que ces épisodes extrêmes seront de plus en plus fréquents et intenses sous nos latitudes. Pour prévenir au mieux ces aléas et limiter les pertes de production, les chercheurs étudient différentes pistes… de la génétique aux pratiques agricoles.

"D’après les prévisions, le réchauffement climatique, avec une augmentation de la température globale de 2°C, entraînerait une fréquence d’épisodes comme celui de 2003 tous les dix ans, et tous les trois à quatre ans pour une augmentation de 3°C, indique Philippe Ciais, directeur de recherche au CEA Sciences du climat et de l'environnement et chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE). Nous ne savons pas si l’adaptation des systèmes de production pourra absorber les chocs climatiques. Mais, grâce à des indicateurs plus précis, les climatologues pourraient obtenir une meilleure probabilité des risques, et en particulier lors des périodes cruciales qui jalonnent le développement des plantes cultivées. Nous devons étudier tous les domaines pour apporter des réponses agricoles qui assurent la productivité des cultures et garantissent la ressource alimentaire."

Une sécheresse se traduit aussi par un manque d’eau

"La problématique n’est pas seulement la chaleur, mais aussi le manque d’eau, précise Damien Beillouin, chercheur au Cirad. Lorsqu’une plante est soumise à un stress hydrique, la durée du remplissage des grains peut être raccourcie, la photosynthèse affectée et, dans les cas les plus graves, des tissus végétaux ou la plante entière peuvent mourir." Dans ces circonstances, la productivité se trouve impactée, les réserves accumulées dans les grains étant moindres.

Pour remédier partiellement au problème, plusieurs solutions sont envisageables. À l’échelle régionale, la diversification des productions permet à certaines cultures d’éviter les périodes de chaud ou de sec durant leurs phases les plus sensibles. Au niveau de l’exploitation, le remplacement du maïs par du sorgho, dont les besoins totaux en eau sont moins contraignants, reste une possibilité. Enfin, les sélectionneurs travaillent également activement à développer des variétés plus tolérantes aux stress hydriques. "Même si elles restent moins productives, ces variétés sont aussi une piste intéressante, car elles limitent les pertes catastrophiques et assurent une récolte acceptable l’année où les accidents climatiques sont plus importants", précise Philippe Ciais.

La sécurité alimentaire face aux aléas climatiques extrêmes

Des études menées notamment par le Cirad et Inrae montrent que ces épisodes de sécheresse sévères, comme en 2003 et en 2018, peuvent impacter la ressource alimentaire, et par conséquent créer une tension sur les marchés. La problématique de risque pour tout le système de production mondial est d’autant plus importante quand tous les bassins de production du monde, ou "greniers à blé", subissent la même année un aléa climatique majeur. "Lorsque les épisodes sont plus localisés, les régions excédentaires peuvent combler en partie le déficit de production des secteurs impactés. Ce fut le cas en 2018, quand l’Europe du nord a été plus fortement touchée que le sud, rappelle Damien Beillouin. Il s’est alors produit un phénomène de compensation qui garantit une certaine sécurité alimentaire."

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