Une démarche pour réduire les émissions de GES des sols cultivés d'un territoire

La méthode ABC’Terre a été conçue pour quantifier les impacts des pratiques agricoles sur les variations de stocks de carbone organique à long terme et de les intégrer dans un bilan GES des systèmes de culture du territoire. Photo: S.Bot/M&E

Le secteur agricole contribue à hauteur de 20 % aux émissions globales de gaz à effet de serre (GES) en France, mais est aussi capable de stocker du carbone dans les sols, compensant en partie ces émissions de GES. La méthode ABC’Terre (Atténuation du bilan gaz à effet de serre et stockage de carbone organique dans les sols agricoles, à l’échelle des systèmes de culture d’un territoire) 1 a été conçue pour permettre de quantifier les impacts des pratiques agricoles sur les variations de stocks de carbone organique (Corg) à long terme, et de les intégrer dans un bilan GES des systèmes de culture du territoire, et ce de façon spacialisée. La démarche ABC’Terre s’appuie sur cette méthode et mobilise les acteurs agricoles du territoire, sous forme d’ateliers, pour participer à l’interprétation des résultats cartographiés, et construire un plan d’action pour à la fois réduire les émissions de GES mais aussi stocker plus de Corg.

La démarche ABC’Terre est réalisée par un utilisateur formé, pour un bénéficiaire – tel qu'une collectivité territoriale ou un groupe d’agriculteurs – souhaitant connaître et réduire l’impact du secteur des grandes cultures sur le bilan GES et augmenter la séquestration carbone. La méthode est utilisable par l'intermédiaire d'une interface de calcul. Cette démarche et la méthode sur laquelle elle s’appuie ont été développées, améliorées et formalisées dans le cadre du projet ABC’Terre-2A (AAP Graine Ademe, 2017- 2020), et du projet ABC’Terre (APP Reacctif Ademe, 2013-2016).

Une méthode en cinq étapes

La démarche a été testée sur quatre territoires pilotes dans le cadre du projet ABC’Terre-2A, répartis dans les Hauts-de-France, la Nouvelle-Aquitaine et le Grand-Est. Sur chacun d’entre eux, la première étape a permis d’obtenir le diagnostic initial du territoire. L’ensemble des rotations par type de sol et par type d’exploitation a été reconstitué, à partir des données du Registre parcellaire graphique et du Référentiel régional pédologique et à l’aide de l’outil RPG-Explorer. Les teneurs en Corg issues de la base de données des analyses de terres ont ensuite été attribuées pour chaque combinaison. Sur la base de ces données et de la reconstitution des pratiques culturales, les émissions de GES liées à la production végétale ont été quantifiées, et l’évolution du stock de Corg des sols cultivés a été modélisée par l’outil Simeos-AMG, directement intégré, dans le cas présent, dans la chaîne de calcul automatisée d’ABC’Terre.  "Pour réaliser l’inventaire des émissions de GES liées à la production végétale, on s’est intéressé aux émissions directes et indirectes dues à la gestion par les sols des entrées d’azote (dénitrification), aux émissions liées à l’usage du matériel agricole, aux émissions en amont dues aux intrants à destination des cultures (engrais, semences…). N’ont pas été prises en compte les émissions liées à l’élevage (production animale, bâtiments, intrants) et celles liées à la récolte (transport jusqu’au silo, stockage, transformation de la production)", indique Justine Lamerre, ingénieur d’études à Agro-Transfert Ressources et Territoires.

Faire émerger des scénarios alternatifs

Ces résultats, une fois présentés aux acteurs du monde agricole, ont permis de faire émerger en concertation avec eux un ensemble de scénarios alternatifs. À titre d’exemple, sur le territoire du Ternois, dont les productions agricoles sont très diversifiées, les acteurs mobilisés ont souhaité connaître l’impact que pourraient avoir à la fois l’optimisation des couverts d’interculture et la réduction de la dose d’azote minéral apportée. La simulation de ces scénarios a montré que la réduction des émissions de GES et l’augmentation du stockage de carbone seraient significatives si les deux leviers étaient cumulés. "En scénarisant ces changements de pratiques avec la méthode ABC’ Terre, on a pu observer qu’elles pouvaient apporter du stockage additionnel (+ 1 790 t Corg /an), permettant de compenser des émissions de GES (- 7 220 t CO2 eq/an) par rapport au diagnostic initial. On peut également jouer, grâce à la réduction de la fertilisation minérale, sur le bilan des émissions brutes de CO2, avec une réduction de 3 880 teq/an, soit une réduction nette de 11 100 teq CO2/an par rapport au diagnostic initial ", explique Justine Lamerre.

Grâce à ces premiers déploiements, les modalités de mises en œuvre et les clés de réussite de la démarche ont pu être établies, rendant la méthode et la démarche diffusable pour de nouveaux territoires dès 2021.

 

(1) Projet labellisé par le RMT Sols et territoires, financé par l’Ademe (AAP Graine) et le Feder.

 

 

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