Santé des sols agricoles : couvrir et nourrir

« La fertilité des sols doit être au cœur des préoccupations des agriculteurs, un sol a la capacité de gérer les résidus grâce à une vie biologique extraordinaire », c’est en ces termes qu’Odette Ménard, ingénieure agronome canadienne concluait son propos à l’occasion des rencontres internationales de l’agriculture du vivant, fin février 2019 à Paris. Trente années que, pour le compte du ministère de l’Agriculture du Québec, elle accompagne des collectifs d’agriculteurs à faire évoluer leurs pratiques vers l’agriculture de conservation. Lors de son intervention, elle évoquait notamment une étude québécoise qui s’intéresse à la santé des sols, et évalue le niveau de résidus pour in fine faire des recommandations. Elle a tenu à mettre en évidence que, dans les parcelles conduites en semis direct depuis plusieurs décennies, associé avec une couverture permanente du sol, le taux de résidu de glyphosate et de l’ampa (son métabolite) est égal à zéro. Quand bien même ce sol reçoit du glyphosate. Ce qui suffit, pour elle, à montrer que le sol vivant est gage de résilience.

 Les racines au cœur du système
 

« Le système racinaire permet de meilleurs rendements, une meilleure utilisation des éléments nutritifs, une meilleure santé, une meilleure adaptation aux changements climatiques, parce que plus de mucilages, plus d’exsudats, plus de vie biologique… et c’est un cercle vertueux, parce que cela permet une meilleure agrégation, une meilleure résilience à la compaction et une meilleure macroporosité », insiste l’agronome « C’est la clé de l’évolution vers une agriculture beaucoup plus intéressante », poursuit-elle. Son credo, « couvrir et nourrir le sol pour préserver sa santé ». Mais et pour bien le faire « il faut savoir prendre du recul et se faire confiance », prévient-elle.

Son propos était aussi enrichi d'un certain nombre de prérequis sur la qualité des aliments et notamment le déclin de leur qualité nutritive. À titre d’exemple, en mangeant une orange en 2019, pour ingérer les mêmes quantités de vitamine A que nos grands-parents il faudrait en manger 8 fois plus (source Scientific America), et cela vaut pour l’ensemble des produits (viande, lait fromage…), selon les études qu’Odette Menard a présentées. Mais, selon elle, agir sur un paramètre (par exemple celui des pesticides) n’est pas la clé, d’autant que le problème de la perte nutritive des aliments que nous consommons serait corrélé à la baisse du taux de matière organique dans les sols, si l’on en croit l’étude de Myers S.S parue dans la revue Nature en 2014. 

« Agir sur un paramètre contribue à modifier l’ensemble du système. Regarder la qualité de l’environnement et des produits est une chose, mais ne vaut-il pas mieux regarder le processus adopté ? » s’interroge-t-elle, voire affirme-t-elle aussi pour répondre aux débats sociétaux qui consistent à penser noir ou blanc.

 

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