Quand les pyréthrinoïdes ne suffisent plus

Avec le contexte météo très atypique en 2015-16, certaines parcelles, pourtant très belles n’ont pas supporté la présence de larves, exceptionnellement nombreuses.

 

La Normandie et l’Ile de France sont particulièrement touchées par la problématique de gestion des grosses altises. L’automne et l’hiver doux renforcent la ponte des altises d’hiver et le développement des larves, et donc les dégâts potentiels, observe Anne Plovie, responsable service agronomie chez Cap Seine 

 Nous sommes encore une fois très touchés par les altises. Les colzas sont rongés par les larves, jusqu’à 20 par plante. Pour l’instant, ils végètent et n’arrivent pas à ramifier, et risquent alors ne pas pouvoir compenser dans les cas les plus graves.

Des résistances aux pyréthrinoïdes, notamment de type mutation Kdr, ont été mises en évidence un peu partout sur le territoire sur grosse altise et charançon du bourgeon terminal dans le Centre et le Nord Est, soulignait Terres Inovia : « Si les pratiques actuelles perdurent, une évolution vers une résistance généralisée à l’ensemble du territoire est attendue. » Le monitoring mené pour la deuxième année a permis de collecter davantage de données, encore en cours de traitement précise Laurent Ruck, responsable évaluation insecticides Terres Inovia :

 Nous adapterons les préconisation selon les résultats. Pour l’heure, nous conseillons de limiter au maximum l’usage des pyréthrinoïdes dans les zones touchées par les résistances. Dans une grande partie des situations, une implantation soignée et une bonne croissance automnale des colzas  permet aussi de réduire la nuisibilité des insectes. 

Jean Lieven, ingénieur régional Terres Inovia rappelle qu’avec le contexte météo très atypique en 2015-16 (novembre et décembre très doux puis temps frais peu poussant en février et mars), certaines parcelles, pourtant très belles n’ont pas supporté la présence de larves, exceptionnellement nombreuses.

Alternatives aux pyrèthrinoïdes

Réglementairement, depuis le retrait des traitements de semences, et la mise en place du nouveau catalogue des usages, sont possibles sur altises, les pyrèthrinoïdes seules ou en association avec les néonicotinoïdes*, les chloronicotiniles seuls et les organophosphorés seuls ou associés : à base de chlorpyriphos limités à une application par parcelle et par an (ou de phosmet qui peut être appliqué deux fois en respectant un intervalle minimal de 7 jours. « Sur adulte, dans les zones à suspicions de résistance aux pyréthrinoïdes, il faudra utiliser les organophosphorés seuls. Sur larves, au-dessus du seuil de nuisibilité de 2-3 larves par plante, on peut employer des pyréthrinoïdes là où les résistances sont absentes, et sinon, préférer un organophosphoré associé à un pyréthrinoïde », détaille Laurent Ruck.

« Sur altise, nous avons d’abord recommandé un passage de pyrèthrinoïde à l’automne sur adulte car c’était la seule chose possible réglementairement à ce moment-là puis, quand ce fut permis, un passage de chlorpyriphos, seul ou associé, sur larve. Mais la fin d’automne doux et long a entraîné une activité et des pontes très étalés et un développement des larves très rapide. En novembre, nous avons conseillé d’arrêter de traiter sur adultes, notamment en respect de la réglementation, pour reprendre parfois la lutte en sortie hiver, explique Anne Plovie à la mi-mars. Désormais, sur les parcelles souffrant d’altises, rien ne sert de faire un nouvel insecticide. Si le pivot est bon et que le colza ne manque de rien, ils s’en sortiront. Sinon, il faudra éventuellement penser à retourner pour faire un maïs. »

Eviter les mottes

D’après les observations, le travail du sol semble avoir une conséquence sur la pression altises, développe Anne Plovie : « Les mottes permettent aux insectes de se cacher et de pondre. Elles offrent aussi des zones non couvertes par l’insecticide. Notre conseil sur le terrain depuis deux ans est de limiter les mottes, comme en lutte anti-limaces, pour que l’insecticide couvre 100 % de la surface et pour éviter les refuges / zones de ponte. Mais cela reste une mesure prophylactique. Ce sera d’autant plus efficace que tout le monde s’y met. »

 

*Interdiction voté jeudi 17 mars, qui prendra effet au 1er septembre 2018.

 

 

 

 

 

 

 

 

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