Pourquoi l’alimentation est-elle le premier indicateur de l’inflation?

L’alimentation est le premier indicateur de l’inflation, car très palpable par les consommateurs. Crédit: freshidea/Adobe Stock

"Même si la guerre entre l’Ukraine et la Russie se termine, l’inflation se poursuivra, car le phénomène a débuté bien avant, avance Philippe Dessertine, professeur en sciences de gestion, spécialiste de la finance et membre du Haut conseil des finances publiques, lors des journées de la Lucine organisées par le constructeur Horsch. Aussi faut-il bien différencier l’inflation d’une augmentation des prix liée à l’équilibre entre offre et demande. L’inflation se caractérise par une augmentation des prix signifiant la perte de valeur d’une monnaie. Elle est le signe qu’il y a trop de monnaie dans le monde par rapport à la valeur créée."

En 2019, le PIB mondial, qui caractérise la valeur générée sur l'ensemble du globe, atteignait 92.000 milliards de dollars, quand la dette atteignait 250.000 milliards de dollars. Aujourd’hui, la dette est passée à plus de 300.000 milliards de dollars. La dette correspondant à l’argent qui circule – l’argent n’est rien d’autre qu’une reconnaissance de dette qui n’a aucune valeur en soi –, il y a aujourd’hui beaucoup trop de monnaie en circulation par rapport à la valeur produite. "C’est un terrain terriblement inflationniste", de l’avis de l’expert de la finance.

Un risque de récession faible pour l’agriculture

La première des solutions à disposition des États pour limiter ou essayer d’éviter l’inflation est de diminuer les taux d’intérêt jusqu’à aboutir à des taux négatifs. Comme l’argent ne coûte rien à emprunter, cela incite aux investissements. Quand cette stratégie n’est plus efficace et que l’inflation est galopante, comme actuellement, l’un des principaux objectifs des banques centrales est de sauver l’épargne en augmentant les taux rémunérateurs à tout prix, afin de les maintenir au-dessus de l’inflation.

"L’inflation, c’est l’euthanasie du rentier, lance Philippe Dessertine. Mais quand on tue l’épargne, on tue aussi l’investissement. Or, il ne faut pas tuer l’investissement, mais l’inciter au contraire!" Une stratégie induisant presque inévitablement une récession pour mieux éviter une dépression.

En période d’inflation, le secteur agroalimentaire est en première ligne, car ce sont des produits palpables par la population: "Mon argent a perdu de la valeur, car je ne suis plus en capacité d’acheter les produits que j’achetais auparavant, explique le membre du Haut conseil des finances publiques. Ce qui se traduit souvent par des demandes de revalorisation salariale. Or, il faut savoir y résister, car cela nourrit l’inflation. Les salaires augmentent, donc le prix des produits augmentent… C'est une boucle infernale qui se nourrit elle-même. Avec le manque de main-d’œuvre chronique, l’agriculture est très sujette à ce risque. Mais augmenter les salaires pour recruter nourrit l’inflation…"

Cela  dit, "le risque de récession dans le milieu agricole est faible, car il reste capital pour le reste du monde. Si l’agriculture ne représente que 5% du PIB mondial, sans agriculture, il n’y a pas de PIB du tout!"

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