« La crise sanitaire a permis de remettre en avant les priorités, se soigner, se nourrir et travailler. Les grands débats s’ouvrent, nous devons penser le monde d’après ». C’est en ces mots que Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, a introduit une visio conférence de presse ce mercredi 6 mai 2020, dédiée à la présentation d'un manifeste pour une souveraineté alimentaire solidaire, en réponse à la crise sanitaire.
Comme le rappelle la présidente de la FNSEA, se nourrir est une priorité, 3 fois par jour ! « En pleine crise sanitaire, l’agriculture française, tout comme l’industrie agro-alimentaire, a été pleinement au rendez-vous, elle a su être réactive, elle a su d’adapter pour ne pas rompre la chaîne alimentaire », résume la Présidente.
Cette crise n’a évidemment pas été sans conséquence sur les modes de consommations. Le syndicat indique que la consommation liée à la restauration hors domicile (606 millions de repas) et à l’arrêt des marchés, a été absorbée à 70% par les grandes surfaces et à 30% par les circuits courts et commerces artisanaux. La crise a permis aussi de mettre en évidence que la proximité était priviligiée. Le syndicat indique en effet que la fréquentation des hypermachés a baissé de 14%, tandis que les magasins de proximité en ville ont vu leur fréquentation augmenter de 28%, dans les territoires ruraux de 39% et le drive enregistre une hausse de 65%
Une réconciliation durable entre producteur et consommateur
« Ce dont il faut se réjouir c’est que l’on a assisté a une réconciliation entre le consommateur et le producteur, un lien s’est récréé et nous faisons le pari que cela va se poursuivre, capitalisons sur cette réconciliation » prévient Christiane Lambert. Elle souligne par ailleurs que cette reconnaissance s’est aussi manifestée au plus haut sommet de l’État, en rappelant que dès la mi-mars et dans tous les discours qui ont suivi, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de reconquérir notre souveraineté alimentaire.
À l’occasion de cette conférence, Jérôme Despey, secrétaire général a fait un état des lieux des filières. A cause de la crise, certaines enregistrent une hausse de la consommation (viande bovine notamment, avec une hausse de la vente de steaks hachés de 25% en frais et de 55% en surgelé ; viande de porc ; œufs et crémerie). Mais pour d’autres la crise sanitaire est plutôt synonyme de marasme (veau, chevreau, canard, fromage AOP, pomme de terre (plus de 500 000 tonnes pourraient ne pas être transformées), viticulture, horticulture, filière équine, le sucre et l’éthanol, cidre, bière, lin et le tourisme rural évidemment…).
« Cette crise est aussi le révélateur de certains points de fragilité et notamment la dépendance de certaines filières aux importations et nous devons en tirer des enseignements pour l’avenir » a aussi résumé le secrétaire général.
Et Christiane Lambert de rappeler qu’il faut rebondir, a moyen et long terme pour en assurant la souveraineté alimentaire et à court terme en corrigeant toutes les fragilités structurelles identifiées.
Ce manifeste pour la souveraineté alimentaire solidaire « Une alimentation pour tous dans le respect de la planète » se décline en 4 axes
- Un pacte entre citoyens et agriculteurs pour assurer une croissance durable de l’agriculture
- La réorientation des politiques publiques notamment en valorisant la production sur le territoire et en (re)construisant les filières sur le territoire
- Faire de la souveraineté alimentaire un enjeu stratégique pour notre pays et pour l’Europe
- L’axe européen constitue le 4ème volet du manifeste. L’appel va dans le sens de « Plus d’Europe » avec une Pac ambitieuse, une réduction des distorsions de concurrence et un renforcement des institutions avec notamment la mise en place d’un gouvernement de la zone euro.
