Lyssenko ou la grande aberration scientifique

Nous évoquions et dénoncions, il y a quelques jours, la facilité avec laquelle certains manipulent les chiffres pour mieux défendre une cause. Certains utilisent le terme de pseudo-science, l’art de faire une démonstration scientifique qui a la couleur et l’odeur de la science mais qui en aucun cas n’en utilise la méthode. Les exemples contemporains ne manquent pas, mais d’autres exemples historiques sont aussi révélateurs de la dangerosité de théories se prétendant scientifiques et assumées au nom d’un idéal. Connaissez-vous l’affaire Lyssenko ? Un « scientifique » russe qui a bien failli remettre en cause toutes les théories de l’hérédité des lois de Mendel (pois) et de Morgan (Drosophile).

Lyssenko ou la grande aberration scientifique. © Oliverfiction96/Fotolia
L’affaire se passe au début du XXe siècle, Trofim Lyssenko, technicien agricole de son état, parvint à imposer à la grande Russie de Staline une théorie selon laquelle la nature des plantes peut être induite par les conditions du milieu. Autrement dit, cette théorie rejette tous les travaux de recherche de l’époque sur les principes de l’hérédité génétique de Gregor Mendel et Thomas Morgan. Il défend donc l’idée qu’en agissant sur le milieu on peut tout faire pousser, peu importe le patrimoine génétique de l’espèce. Une théorie qu’il a fait croire à la grande Russie par l’idéologie politique qui plaisait forcément à Staline. Comment ? En opposant la science des bourgeois (Mendel et Morgan) à celle des prolétaires (classe à laquelle il appartenait). Ainsi jugeait-il la génétique mendélienne de « réactionnaire ». Et à l’époque, les scientifiques soviétiques qui rejetteront les théories de Lyssenko finiront au goulag. L’histoire raconte que ces théories ont séduit jusqu’en Europe de l’Ouest chez les membres du parti communiste. Certains, opposés à ces idées, se tairont pour ne pas mettre à mal l’idéal, tandis que d’autres, à l’image de Jacques Monod, prix Nobel de médecine en 1965, quitteront définitivement le parti à l’époque.

Après avoir reçu tous les titres honorifiques que l’URSS pouvait lui donner, Trofirm Lyssenko tombe peu à peu en disgrâce mais il sera protégé jusqu’en 1964 à la chute de N.Khrouchtchev. Il meurt en 1976. Rabelais écrivait « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », l’exemple historique est au combien révélateur des dangers quand l’entreprise idéologique est plus forte que l’éthique scientifique. Un siècle après cet exemple manifeste, c’est un sujet qui reste toujours d’actualité.

 

 

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