À Loches, la méthanisation française face à son avenir

"Nous sommes à la croisée des chemins", a souligné Jean-François Delaitre, président de l'AAMF, lors de l’assemblée générale qui se tenait à Loches (Loir-et-Cher). Photo :  AAMF.

"En seulement trois ans, notre association est passée de 180 à 430 membres, et nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins", a souligné Jean-François Delaitre, président de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF), lors de l’assemblée générale qui se tenait à Loches (Indre-et-Loire), le 29 septembre 2021. Pour l’AAMF, l’enjeu affiché reste le même : représenter plus de 50 % des unités de méthanisation agricole en France. "Il nous faut assumer cette idée, et accepter le passage de la trentaine de pionniers de la méthanisation à un groupe bien plus conséquent, en accompagnant les nouveaux porteurs de projets", a insisté le président.

Définir les bonnes pratiques en digestats et CIVE

Mais pour relever le défi, la méthanisation française doit être vue comme "une solution pour nos exploitations, pour l’environnement, et pour l’énergie", alors qu’elle est loin de faire l’unanimité, a reconnu le céréalier de Seine-et-Marne. "Notre assise agricole est menacée, et nous devons définir un ensemble de bonnes pratiques sur la gestion des digestats, mais aussi la production de CIVE, sinon, nous irons à la catastrophe. Nous devons nous interroger sur la place de la méthanisation demain dans nos territoires, et la défendre. C’est une source réelle d’autonomie, mais qui dérange, d’où la nécessité de communiquer auprès du plus grand nombre." Lors des journées nationales organisées par l’AAMF courant septembre, 2 000 personnes ont ainsi visité des sites de méthanisation.

Troisième et dernier enjeu soulevé par le président de l’AAMF : prouver que le gaz issu de la méthanisation est bien vert, au-delà d’être renouvelable. "La méthanisation rend de nombreux services aux territoires dont la production d’énergie verte. Elle est aussi une solution pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et favoriser le stockage du carbone dans les sols agricoles. Mais tout cela, il nous faut le quantifier."

Carbone et bioGNV

table ronde AAMF 1. Photo AAMF
L’AAMF va ainsi accompagner ses adhérents pour démontrer la durabilité de leurs pratiques et réaliser des bilans de gaz à effet de serre. Elle souhaite déployer des méthodes de calcul pour valoriser des crédits carbones via le Label bas-carbone. Une table ronde était d’ailleurs organisée sur la thématique du carbone, et les adhérents se sont montrés impatients de bénéficier d’outils. Car pour l’heure, il n'en existe aucun qui permette aux unités de méthanisation de bénéficier du Label bas-carbone. Deux pistes tout de même : l’amélioration de la méthode de diagnostic CAP’2ER® développée par l’association France Carbon Agri, avec, à terme, un onglet dédié à la méthanisation ; et une calculette en cours de développement par GRDF, présentée par Vincent Jean-Baptiste, responsable des affaires agricoles chez GRDF. "Pour l’heure sous forme de tableau Excel, cet outil sera amélioré et permettra de comparer des exploitations avec ou sans méthanisation, pour chiffrer les tonnes de CO2 évitées." Selon la valorisation de la tonne de carbone et le marché, le retour pour une unité de méthanisation pourrait atteindre 50 k€ à 100 k€ par an, a indiqué Vincent Jean-Baptiste, en fonction des structures et des hypothèses de rachat (30 à 50 euros/t de CO2).

table ronde AAMF 2. Photo AAMF
Autre objectif annoncé lors de l’AG dans la veine d’un verdissement : atteindre 500 stations-service de bioGNV en 2025. Alors qu’un adhérent sur quatre de l’association estime actuellement s’intéresser à cette voie, et à raison de 2 000 unités de méthanisation d’ici cinq ans (contre 1 000 actuellement), l’AAMF vise ainsi les 500 stations. Deux expériences ont été présentées : celle de Damien Roy avec une station BioGNV depuis 2017 à Mortagne-sur-Sèvre, et celle de Christophe Rousseau pour alimenter en BioGNV depuis l’Yonne le triangle Paris-Strasbourg-Lyon. "Cette orientation donnera aussi une image positive de notre activité, a souligné Bertrand Guérin, méthaniseur à Nojals-et-Clottes (24). Pour y arriver, nous aurons besoin de constructeurs de stations, ainsi que de véhicules adaptés. La première expérience avec six tracteurs NewHolland nous donne de grands espoirs, pour permettre un jour aux agriculteurs de faire le plein en gaz issu de leur exploitation."

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