Les filières françaises dans l’expectative

Biocarburants : les filières françaises dans l’expectative. © Maridav/Fotolia

L’Union européenne a fixé comme objectif aux pays membres un taux d’incorporation obligatoire de 10% d’énergie renouvelable dans les transports à l’horizon 2020. Le taux moyen d’incorporation en France est d’environ 7% de biocarburants (6,4% pour le bioéthanol en 2015 et un peu plus de 7% pour le biodiesel).

 L’enjeu est de taille, les pénalités pour les États membres seront conséquentes. La France est sur la bonne voie, tandis que d’autres pays n’atteignent à ce jour que 3 à 4% », précise Sylvain Demoures, secrétaire général de la SNPAA (Syndicat national des producteurs d’alcool agricole).

Ainsi pour répondre aux objectifs, il y a encore quelques paliers à franchir, mais un pari largement réalisable pour la filière bioéthanol si l’on en croit le responsable.

 

En termes de volumes à produire pour remplir les objectifs de 2020, c’est environ 20 millions hectolitres d’éthanol supplémentaires. Quant à la consommation, il y a une vraie marge de progression. Pour y arriver, deux conditions, accroître sa disponibilité dans les stations-service et convaincre les automobilistes de l’utiliser.

Rendre plus visible le SP95-E10

Le SP95-E10 (qui contient 10% d’éthanol) en 2015 représente 33% du marché des essences, il est en progression constante, notamment grâce au renouvellement du parc automobile, puisqu’environ 94% des véhicules sont compatibles. 56% des stations-service distribuent le SP95-E10 « c’est évidemment un chiffre qui doit progresser », commente Sylvain Demoures. Mais grâce au changement de fiscalité intervenue au 1er janvier 2016 le SP95-E10 est proposé à environ 5 centimes en dessous du SP95. Ainsi les distributeurs qui ne proposent pas de SP95-E10 sont désormais désavantagés par rapport à leurs concurrents. Quant au consommateur, rien de tel que le prix pour le convaincre. « Nous travaillons aussi à l’équité fiscale pour les véhicules de sociétés, à savoir que la déductibilité de la TVA soit équivalente à celle des véhicules diesel », ajoute Sylvain Demoures.

En France, environ deux tiers de l’huile obtenue à partir de graines de colza sont destinés à la filière biodiesel. © Frederic Bitsch / Fotolia

 

Biodiesel : l’après 2020 ?

En France, environ deux tiers de l’huile obtenue à partir de graines de colza sont destinés à la filière biodiesel. Dans le contexte actuel, le marché est mature, on est même en surcapacité, indique Arnaud Rousseau, vice-président de la Fop. Mais la filière ne cache pas ses inquiétudes.

 Les aides fiscales se sont arrêtées, les marges de trituration sont très mauvaises et compte tenu de la chute des cours du pétrole, on peut craindre que certains pétroliers préfèrent payer la TGAP plutôt que de remplir les objectifs d’incorporation », s’inquiète Arnaud Rousseau. 

Par ailleurs, un projet porté par Total en 2015 a mis la filière en émoi. Le pétrolier envisage la reconversion de la raffinerie  de la Mède (13) afin de pouvoir utiliser l’huile de palme pour la production de biodiesel. « Un projet qui aurait des conséquences désastreuses pour l’agriculture française. Parce qu’on ne parle pas uniquement de production de biocarburant, mais aussi de la production de protéines animales via les tourteaux de colza. Avant de parler de bicarburants de 2e et 3e générations, il faut que les pouvoirs publics aient une vraie volonté de valoriser les ressources aujourd’hui disponibles et efficaces », insiste le responsable.

Toutefois, la France a autorisé en 2015, après de longues discussions, un taux d’incorporation de 8% et l’Europe aurait dans le viseur les 10%. « Nous avons les capacités de faire plus que ce qu’on fait actuellement mais il faut à tout prix, pour l’avenir de la filière, que la France et l’Europe maintiennent ces niveaux d’ambition », conclut Arnaud Rousseau.

Superéthanol : le vent en pompe !

L’utilisation du superéthanol qui contient 85% de bioéthanol ne représente que 1% du marché des essences. © Mindscanner/Fotolia
Aujourd’hui l’utilisation du superéthanol qui contient 85% de bioéthanol reste confidentielle et ne représente que 1% du marché des essences. La faute au manque de visibilité et au parc automobile pas ou peu adapté. Mais les choses pourraient changer. À la pompe, le superéthanol s’affiche en moyenne à 0,70 euros/l, autant dire qu’il reste le carburant le plus compétitif sur le marché même si l’on considère son pouvoir calorifique inférieur aux autres carburants, entraînant une surconsommation. « L’E85 enregistre une croissance de 6,5% en termes de consommation, le nombre de stations le distribuant a doublé en 2 ans. Fin 2015, il est disponible dans 727 stations sur l’ensemble de l’Hexagone (8% des stations) et c’est environ 3 à 4 nouvelles stations qui le proposent par semaine », indique la collective du bioéthanol.

Les constructeurs commencent aussi à sortir des modèles flexfuel capables de rouler avec n’importe quel type d’essence sans plomb. Enfin à noter aussi que la filière est dans l’attente d’une procédure d’homologation de « boîtiers flexfuel ». Un boîtier qui s’adapte sur un véhicule essence classique. « Cette procédure de reconnaissance qui doit permettre de sécuriser le consommateur devrait être en place dans les mois qui viennent, nous espérons communiquer dessus au prochain Mondial de l’automobile qui se tiendra en octobre 2016 », se réjouit Sylvain Demoures, secrétaire général du SNPAA. 

 

Retrouvez le dossier complet dans le numéro de Cultivar d'avril.

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