"Les agriculteurs sont une source indispensable à la vie des communes"


Les agriculteurs sont-ils bien représentés au sein du conseil municipal de votre commune? À l’échelle du département, est-ce également le cas?
Ludovic Rochette: Brognon est une commune péri-urbaine de 350 habitants qui s’étend sur 6,20 km². Quand j’y suis arrivé il y a près de 50 ans, il y avait 4 agriculteurs. Tous étaient présents au CM. Aujourd’hui, il nous reste deux agriculteurs (un céréalier et un éleveur), qui se partagent la moitié des terres agricoles de la commune. Aucun des deux n’est présent au conseil municipal. En revanche, nous y avons un agriculteur retraité.
Au sein de la Côte-d’Or, sur les 698 maires élus en 2020, 90 sont des exploitants agricoles. En 2014, ils étaient 103. Cette forte érosion du nombre d’exploitants en tant que maires s’explique par d'un côté, une baisse de la démographie et, de l'autre, une complexité accrue. Le travail de l’agriculteur est de plus en plus complexe, tout comme celui du maire!
Les agriculteurs ont-ils pourtant un rôle important à jouer au sein des conseils municipaux? Comment envisagez-vous leur avenir?
L.R.: Il y a un vrai enjeu à ce qu’ils y soient présents. Ils ont la connaissance du terrain, maîtrisent les chemins, les fossés, les drainages… Ils savent où se trouvent les terrains traditionnellement mouillés. Dans le cadre de la gestion de l’urbanisme de la commune, ils sont une source indispensable ! Ils ont un rôle important à jouer comme les associations foncières de remembrement. Sur les questions liées à l’aménagement routier, les agriculteurs peuvent également apporter leur point de vue. Par exemple, nous venons de faire un plateau pour faire ralentir les véhicules. Il a été conçu pour permettre aux tracteurs et à leurs remorques de passer dessus sans provoquer de nuisances sonores. Sur des sujets comme les traitements phytosanitaires, la présence d’un agriculteur dans un conseil municipal peut, par ailleurs, contribuer à faciliter la compréhension entre riverains et exploitants.
À l’avenir, on reverra peut-être plus d’agriculteurs dans les conseils municipaux. Aujourd’hui, on assiste en effet à la révolution de la ruralité! Les communes accueillent des néo-ruraux, des néo-agriculteurs. Quoi qu’il en soit, les agriculteurs ne doivent pas laisser les clés de la campagne à des personnes qui n’ont pas forcément la connaissance des terroirs.
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