Le record de productivité ne sera pas battu

Heureusement, toutes les parcelles n’ont pas été touchées par la vague de gel, de sécheresse ou encore de maladies ou d’insectes. Néanmoins, le verdict sera rendu seulement à la moisson pour les autres.

Au premier mai dernier, 1,439 million d’hectares de colza étaient recensés en France soit une baisse de 7 % par rapport à la campagne précédente. Les difficultés d’implantation et le retournement de certaines parcelles à l’automne, notamment dans le Nord-Est expliquent cette situation. Durant quatre ans, la sole était restée assez stable (1,5 million d’hectares environ) sans retrouver le niveau historique de 2012 (1,6 million d’hectare). À l’heure où nous écrivons, certaines incertitudes planent toujours quant à la récolte 2017. De nombreux facteurs ont perturbé les cultures. La sécheresse du mois d’avril, le gel dans certains cas et les attaques de méligèthes ont retardé la floraison, provoqué des avortements de fleurs et de siliques. Ces faits ont été plus marqués dans certaines régions. En Normandie, les parcelles en difficulté représentent 8 à 10 % des colzas implantés. Et selon Jean Lieven de Terres Inovia, la moitié d’entre-elles environ devraient pouvoir compenser avec les meilleures conditions climatiques de la mi-mai. En revanche, au même moment, Laurent Ruck de Terres Innovia, basé à Châlons-en-Champagne, signale des parcelles qui fleurissent sans aboutir à la formation de siliques.

En Lorraine, 40 % des colzas présentaient des dégâts à la fin avril. Dans les zones les plus gélives et souffrant de la sécheresse, les compensation par de la refloraison seront faibles. Mais aucun retournement n‘a eu lieu. En Bourgogne, les colzas qui ont souffert le plus du gel dans les zones de vallées sont également ceux qui ont été le moins arrosé (80 mm dans le sud Bourgogne à la mi-mai contre 10 à 15 mm dans le Nord et l’Ouest de la région).

Le fort pouvoir de compensation revérifié

Mais selon Terres Inovia, les colza bien implantés à l’automne, robustes, avec une longueur de racine supérieure à au moins 20 cm, ont mieux résisté à ces stress et mieux compensés les à-coups climatiques. Le facteur variétal n’a guère joué dans cette situation. Toujours à la mi-mai, l’institut expliquait dans un communiqué : "La destruction de boutons, de fleurs, de jeunes siliques et même de graines dans les siliques provoque la levée de dormance d’organes en latence, à condition bien entendu que les conditions d’alimentation en eau et minéraux soient assurées. Une observation minutieuse au terme de la floraison sera nécessaire pour élaborer une tendance." La compensation va donc dépendre du nombre d’axillaires qui se seront développés et qui dépendent eux-aussi des conditions climatiques et de l’enracinement. Une chose est sûre. Les avortements de fleurs sont toujours plus nombreux sur ces axillaires que sur l’axe principal. Avec le retour des pluies, les risques sclérotinia qui étaient assez faibles jusque là, sont devenus plus importants. Terres Inovia a conseillé un traitement dans deux cas précis. Un deuxième fongicide à 2 à 3 semaines d’intervalle s’est justifié dans les parcelles en pleine floraison et de haut potentiel. L’autre situation  concerne  les colzas qui n’avaient pas encore reçu de traitement. Une protection à dose réduite (½ dose Prosaro, ½ dose Filan SC, ½ dose Propulse ou Tébuconazole 1l/ha ou Sunorg Pro 0.8 l/ha) était préconisée pour ne pas  pénaliser la marge économique.

Photo : C. Milou/Pixel Image

Deux producteurs témoignent

Deux agriculteurs, l’un dans l’Eure et l’autre dans la Marne ont des parcelles diversement touchées. Les conditions d’implantations font la différence. Benoît Bain est  céréalier dans l’Eure. Il cultive 35 ha de colza érucique. Ses parcelles sont réparties sur deux sites, l’un à Glisolles au sol argilo-calcaire et l’autre limoneux à Saint-André-de-l’Eure. Dès l’implantation, les conditions ont différé. « A Saint-André-de-l’Eure, le précédent, blé sur blé, n’a pas facilité le semis » explique-t-il. Dans ce sol limoneux, les colzas ont levé assez rapidement en raison d’une certaine fraîcheur. Mais très vite, les altises sont venues coloniser les colzas. Deux applications d’insecticides n’ont pas réussi à enrayer l’infestation. "De grosses altises étaient peut-être présentes", craint l’agriculteur. Des gelées de moins 3 °C environ sont venues avorter une partie des fleurs. Le colza a refleuri en plusieurs fois. La récolte va donc dépendre du pouvoir de compensation du colza et du PMG obtenu. Dans l’autre parcelle, le semis s’est effectué dans le sec. Les levées ont commencé dix jours après. La parcelle est aujourd’hui plus belle que la précédente. Benoît Bain espère qu‘une petite compensation aura lieu après le gel. Sébastien Robert céréalier avec son frère Mathieu mutualise quelques services avec son beau-père qui exploite 300 ha à Moivre (51) dont 60 ha de colza. Il estime lui aussi que le gel et la sécheresse vont entamer le potentiel de départ. "Les rendements devraient osciller entre 35 et 40 q/ha au lieu des 45 q/ha de moyenne", affirme le céréalier. L’implantation avait pourtant réussi grâce à l’humidité présente suite aux deux passages de Crosskills dès le labour terminé. Le manque d’eau (200 mm sur les 600 mm) et surtout les gelées durant la floraison ont pénalisé la culture. Le thermomètre a affiché - 5°C puis - 2°C et - 1°C les jours suivants. Les premiers étages de fleurs de colza ont donc gelé. Les étages supérieurs ont formé des fleurs puis des siliques mais plus petites.

En attendant, le record de productivité français ne sera sans doute pas battu cette année. Pour mémoire, l’an dernier, la récolte de colza affichait un recul de 13 %, pénalisée par les rendements en baisse de 14 % (manque de luminosité, maladies, attaques d’insectes).

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