Le Sénat a publié le 15 juillet 2015, un rapport sur le coût économique et financier de la pollution de l’air. Un coût loin d’être négligeable, puisque « ce coût de l’inaction » comme le nomme la sénatrice Leïla Aïchi, rapporteure, est estimé à quelque 100 milliards d’euros/an ! Ces coûts sont ceux liés à la santé, à l’absentéisme dans les entreprises engendré par les pathologies en hausse mais aussi un coût lié à la perte de la biodiversité et à l’impact que la pollution atmosphérique peut avoir sur les rendements agricoles, pointe le rapport.
Si l’agriculture (responsable notamment à 97% des émissions de NH3) fait partie des grands secteurs émetteurs de polluants atmosphériques avec les transports, l’industrie, le résidentiel tertiaire, le rapport souligne qu’elle est aussi victime de la pollution atmosphérique. « Au-delà de son impact sanitaire direct, la pollution de l’air a des répercussions importantes sans d’autres domaines, et notamment un impact environnemental sur la végétation et la biodiversité. » Ainsi la concentration de certains polluants dans l’air affecterait les rendements agricoles et la capacité des végétaux à stocker le CO2. En effet, un groupe de travail de l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques) estimait en 2000 que « les niveaux d’ozone avaient réduit de 14 % les rendements de production de blé en Europe (soit une perte de l’ordre de 3,2 milliards d’euros) et réduit la capacité de stockage du CO2 par les arbres de 14 % ».
14% de pertes de rendements
Le rapport du Sénat mentionne une autre étude réalisée par l’Inra et Agroparitech en 2003 qui, elle, démontrait que la pollution à l’ozone en Île-de-France pouvait être responsable de pertes de rendements pour le blé de l’ordre de 10 % en moyenne mais pouvant dépasser 20 % pour certaines cultures, avec des variations importantes dans certaines zones. Selon l’Inra, cet impact pourrait couter à l’activité agricole 500 millions d’euros/an. L'étude précise par ailleurs que ces effets dommageables ont été mis en évidence à des niveaux de concentration inférieurs aux seuils d’information de la population. Un coût qui s’élève à 2,8 milliards si l’on considère les 25 pays européens étudiés dans le cadre de l’étude coût-analyse menée dans le programme CAFE (Clean Air For Europe).
Ce rapport émet une soixantaine de propositions qui visent à trouver un meilleur équilibre entre normes et fiscalité, à favoriser l’innovation et à accompagner les acteurs vers le développement d’activités moins polluantes. Sur ce dossier de la pollution atmosphérique, la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, a d’ores et déjà annoncé vouloir prendre des mesures « extrêmement fermes ».