« La nation pleure la perte d’un serviteur exceptionnel »

William Jackson, agriculteur à la frontière écossaise

Alors que le Royaume-Uni va faire son dernier adieu à sa souveraine Elisabeth II, ce lundi 19 septembre 2022, nous avons contacté William Jackson, agriculteur à la frontière écossaise, pour recueillir ses impressions et nous parler aussi de sa moisson:

"La nation pleure la perte d'un serviteur exceptionnel. Elisabeth II a fait preuve d'un véritable leadership grâce à sa discipline, sa réserve, son humilité et son sens du sacrifice. Nous sommes à 10.000 lieues des frasques de nos dirigeants actuels, et fort heureusement le dernier Premier ministre Boris Johnson a fini par démissionner.

La récolte de 2022 a été extraordinaire par sa précocité (environ 10 à 14 jours d’avance par rapport aux normales), mais aussi marquée par la sécheresse et la chaleur. Cependant, malgré des températures extrêmes, deux jours consécutifs à 35°C (notre précédent record était de 28°C) et une année très sèche, nous avons eu de bons rendements dans l'ensemble. En moyenne, nous avons 60 mm de précipitations mensuelles. Cette année, nous sommes à seulement 75% de ces normales, mais fort heureusement, le mois de juillet a été bien arrosé (environ 75 mm), ce qui a été très bénéfique pour les récoltes. Les rendements moyens de l’exploitation sont de 105q/ha pour le blé, 46q/ha pour le colza et environ 65q/ha pour l’avoine de printemps .

La qualité est aussi au rendez-vous, avec une teneur en huile pour le colza très bonne, les PS du blé très bons aussi, mais c’est un peu décevant s’agissant du taux de protéine. Les rendements élevés ont en effet contribué à diluer la protéine, mais aussi à la réduction des apports d’azote.

Fait exceptionnel, nous n’allons pas avoir besoin de sécher nos récoltes, le taux d’humidité étant exceptionnellement faible.

Je dirais que notre déficit d'humidité n'a pas été trop préjudiciable jusqu'à présent pour les céréales et les oléagineux, mais il a eu un impact sur la croissance de l'herbe, et les éleveurs de la côte est constatent qu'ils doivent compléter avec des aliments achetés. La zone ouest du Royaume-Uni est moins touchée.

C’est vraiment une campagne satisfaisante pour nous, avec de bons rendements, un niveau de prix élevé, mais ce changement climatique reste vraiment très préoccupant."

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